Cette année elle aura lieu samedi 6 septembre prochain dès 18 heures, avec au menu - culturel - Os Minhotos et Sabor Latino. Pour en savoir plus sur les premiers, un groupe folklorique portugais, je vous propose un article de Diane Gilliard.
Os Minhotos, sur un rythme à trois temps
Le groupe folklorique portugais Os Minhotos est un habitué des fêtes de la Fourmi rouge à Renens. Cette année, il vient à Lausanne chanter et danser pour la Guinguette de Résistance. Palmira Mendes et Florbella Teixeira racontent comment est né et a perduré ce groupe fondé il y a 35 ans par des travailleurs portugais saisonniers.
Le Minho, c’est une région au nord du Portugal, tout près de l’Espagne. Os Minhotos, c’est un groupe de musique et de danses populaires de cette région, fondé par des migrants de la première génération. C’était vers 1974, juste après la Révolution des œillets qui a renversé la dictature et mis fin à l’occupation coloniale du Portugal en Afrique australe et en Guinée-Bissao. Regroupés dans l’Association démocratique des travailleurs portugais émigrants de Lausanne (ADTPEL), ils ont été quelques-uns à fonder un groupe musical et de danse, pour supporter la séparation d’avec leur famille et sentir encore un peu le pays.
En ce temps-là, les travailleurs ne pouvaient être que saisonniers, et ils étaient nombreux à travailler dans le bâtiment. C’est en écoutant les musiques du pays qu’ils ont appris à chanter, danser, jouer de l’accordéon et des autres instruments, sans partition, tout à l’oreille! Certains compagnons d’origine sont partis, mais aujourd’hui encore, l’accordéoniste de l’orchestre est un des fondateurs. Il est accompagné de joueurs de tambourins, de planches qu’on racle avec un bâton, de petites guitares portugaises qui ressemblent au ukulélé des Hawaïens. En tout, l’orchestre compte une vingtaine de musiciens, dont deux chanteuses et un chœur.
Leur répertoire, comme dans beaucoup de musiques populaires, c’est l’expression dansée et chantée des travaux des champs: la cueillette du maïs, les moissons, mais aussi les histoires d’amour et de séduction. Tout cela se danse en couple, sur un rythme à trois temps, comme la valse. Composé de jeunes gens qui souvent ont commencé à danser quasiment au berceau, amenés par leurs parents, Os Minhotos tient beaucoup, aujourd’hui encore, à ses «Enfantines»: vingt-cinq enfants de 4 à 12 ans, qui font généralement l’ouverture des spectacles du groupe. Ensuite viennent les adultes, huit à dix couples de danseurs.
Le groupe compte environ une soixantaine de personnes, Portugaises et Portugais de la région de Lausanne. Aujourd’hui, ce sont les enfants des fondateurs qui animent Os Minhotos. Ils y sont venus, amenés tout enfants par leurs parents, dès que les pères saisonniers obtenaient un permis de séjour. Palmira Mendes et Florbella Teixeira ont repris le flambeau de la tradition; pour baigner encore dans leur culture, retrouver ce qu’elles appellent «une vraie famille» le vendredi soir, consacré toute l’année aux répétitions. Elles y sont arrivées à 12 ans et ont fait tout le parcours du groupe des «Enfantines» aux grands. À peine ont-elles pris quelque distance à l’adolescence avant de revenir …
Aujourd’hui, l’ADTPEL existe toujours, mais subit l’érosion de la vie associative qui frappe nombre d’associations. Seuls restent actifs les membres qui font partie du groupe folklorique ou s’intéressent au football. Il n’empêche: les deux jeunes femmes responsables aujourd’hui de Os Minhotos continuent à trouver important de venir danser et chanter pour une cause de gauche!
Diane Gilliard