Posté par fdesbordes dans : humeurs et deshumeurs existencielles , trackback
Le temps passe sans relâche. Mais comment faire passer le temps qui passe ? Noble question sans réponse quand on travaille au siège d'une banque. Une poignée d'heure par semaine à se demander comment accélérer les minutes. Les multiplier, de manière exponentielle, pour que soixante secondes deviennent 2 minutes et deux minutes 1 heure ? Regarder les bateaux qui passent sur la Garonne ? Compter le nombre de piétons, en bas dans la rue, depuis la vue du cinquième étage ? Suivre le cours du CAC 40 minutes par minutes ? Oui, le temps passe, 6 heures par jour, un trop lentement.
Alors on joue à ne plus regarder l'heure, à perdre la notion du temps, en apesanteur dans ce temps réel, somewhere in the middle. On écoute, au téléphone, le pouvoir d'achat en berne et les frais bancaires et autres découverts crever le plafond. Mon voisin, étudiant à temps partiel et apprenti psy m'apprend à faire des avions en papier avec les données bancaires de commerçants à l'autre bout de la France qu'on se jette allègrement et qui atterrissent inmanquablement 20 mètres plus bas sur le goudron.
Je fume beaucoup, pour passer le temps, et je pars en fumée dans chaque bouffée de cigarettes. Je me fonds alors dans ce brouillard épais de la temporalité, météorologie constante de l'ennui léger, lanscinante réalité coincée entre deux aiguilles, moitié de cadran où je m'endors presque, en attendant de me réveiller.