Le Syndicat Electronique - Philosophie (2003)

Publié le 04 septembre 2008 par Oreilles

Le Syndicat est sans doute l'un des projets les plus radicaux qu'ait connu la musique électronique en France. Apparaissant encagoulé, Secret Agent Alexandre, l'unique membre de cette entité, affectionne la musique horrifique, celle qui fait se dresser les poils des bras et plonge l'auditeur dans un inconfort bénéfique. A côté de certains de ses morceaux, l'oeuvre de John Carpenter, dont le Toulousain est fan, a des airs de Mélodie du bonheur. Scrupuleusement fidèle à son dogme minimaliste, l'autoproclamé initiateur de la "Third wave européenne" (?) pratique exclusivement le Do it your self et nourrit une haine démesurée pour la house, la pop et tout ce qu'il considère comme trop produit. Bruts de décoffrage, complètement analogiques et barrés, ses albums se succèdent sans que la presse ne daigne se pencher sur son cas. La faute, peut-être, à son intégrisme dont on ne peut, à la manière de Laibach, dire s'il s'agit d'un happening permanent et provocant ou de la manifestation de convictions douteuses. Ce dont on ne peut douter, en tout cas, c'est du nihilisme et de la misanthropie de cet adorateur de Nitzer Ebb et Depeche Mode. Je cite : "Mon voisin n'est pas mon frère... Nous ne vivons pas dans l'unité. Nous sommes seuls sur cette putain de terre".

Très punk dans l'âme, ce sinistre individu a fondé le label Invasion Planète en 1997 avec les indemnités d'un accident de voiture et signé des artistes aussi inconnus que Porn.Darsteller ou Karl Kubler. Toujours actif sous le blaze La Séduction des Innocents, lui et sa clique sont tellement underground qu'ils en sont quasiment invisibles. Même le site du label a disparu. Peu d'informations sont donc disponibles, pas même son véritable nom, bien que les productions maison soient très recherchées. Trouver Philosophie, par exemple, semble impossible à l'heure actuelle.

Dépassant rarement les 4 minutes, les 17 morceaux de cet album - son meilleur - baignent tous dans une atmosphère electro-cold-wave-minimale et ne reposent en général que sur trois notes de synthé et une boîte à rythme violentée. Chantés, ou plutôt scandés en français, anglais et allemand, les textes sont suffisamment concis et énigmatiques pour laisser imaginer le pire, comme dans "En partance", où la voix dure et métallique d'Alexandre répète sans fin : "A quelle heure part le train pour Berlin ?". Tout en étant beaucoup plus carré et direct, le son du Syndicat Electronique rappelle les ambiances 80's industrielles et masochistes du Cabaret Voltaire. Les morceaux qui me séduisent le plus sont ceux qui flirtent avec l'électro-funk, comme "Der Komponist" ou "Ewigkeit", même si le très industriel "Sacrifice", au tempo plus relevé, n'est pas dénué de charme. De prime abord rebutant, ce disque exerce finalement une attraction diabolique. A ne pas mettre entre toutes les mains.


En bref : Agissant dans les ténèbres depuis plus de 10 ans, Le Syndicat Electronique sonne comme une bande originale pour snuff movie. Cette très froide et minimale Philosophie n'échappe pas à la règle. Brrrr...


Un extrait d'un de ses derniers live (en 2004) afin que vous constatiez combien l'homme est sympathique.

A écouter , deux extraits de Philosophie :
Le Syndicat Electronique - Der Komponist
Le Syndicat Electronique - L'Amour d'un Traître

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