Bon. Vous savez vous tenir correctement avec une tasse de café, vous maitrisez le concept d’étage, c’est bien. Mais si vous ne collez pas d’étiquettes, vous ne servez à rien.
Entendons nous bien: Quand un patient est hospitalisé, on se fout qu’il sache nous donner son nom, son prénom et sa date de naissance. Ce qu’on veut c’est voir son ETIQUETTE. Pour ceux qui ne connaissent pas, allez chez Super U. Cherchez la mimolette extra-vieille. Qu’y a t’il sur le plastique? une étiquette? Voila. A l’hôpital c’est la même étiquette, avec son code barre, son numéro mystère et l’identité qui va avec.
On apprécie tellement les étiquettes à l’hôpital qu’on en colle partout. Sur les dossiers, sur chaque feuille du dossier, sur les tubes d’examen, sur les boites à dentier, sur les sacs poubelle et sur les avant-bras des infirmiers.
Toi, externe guillerette, qui as rédigé une demande de scan de ta main appliquée, qui as consciencieusement rempli toutes les cases sans inventer le chiffres de créat’ et qui pousse en sifflotant mamie sur son fauteuil vers la radiologie, as-tu pris des étiquettes? non? Et ben c’est mort. Jamais mamie n’aura son scan, jamais. Et tu devras de retaper les 6 étages, avec ou sans mamie, en fonction du degré de pitié que la manip’ radio sera capable de ressentir. Parce que le personnel hospitalier à très vite tendance à perdre le sens de l’humour devant une quelconque absence d’étiquette. Au même titre que “marcher dans le mouillé” est gage de gros soucis à venir, demander un examen sans étiquettes expose à de grandes désillusions.
Vous, les étudiants infirmiers, ne rigolez pas trop, parce qu’un jour, vous enverrez un bilan biologique sans étiquettes, et PIRE, un jour vous ferez descendre un patient au bloc en les oubliant. Et là, quand vous aurez au bout du fil une Infirmière de Bloc en manque, vous commencerez enfin à comprendre à quel point il ne faut pas déconner avec les étiquettes.
Un jour, devant mon incapacité totale à comprendre la différence entre des informations manuscrites et une p…. d’étiquette, on m’a répondu: “nan mais tu vois, une étiquette c’est quand même plus carré.” J’ai trouvé cette phrase d’une grande beauté formelle, et je ne me prive pas de la ressortir régulièrement en guettant avidement l’expression de mon interlocuteur.
[Le mot étiquette est répété environ 235 fois dans ce texte, ce qui le rend si particulièrement aérien. Si après ça vous oubliez encore de les coller je ne peux plus rien pour vous...]