Anthologie permanente : Henri Droguet

Pour une fois, une petite note personnelle ! J’ai choisi ce poème pour plusieurs raisons en plus bien sûr de sa qualité littéraire. Il a été écrit un 10 juillet et il se trouve que le 10 juillet est la date de mon anniversaire. D’autre part Henri Droguet vit à Saint-Malo et ses évocations du paysage breton, de la lande, du vent me sont chères. On notera enfin que ce poème est bien en accord avec le temps qui règne sur la moitié nord de la France !

Ode à l’alouette

(la jubilante à l’azur alouette
à décollage vertical
elle s’envoie sur place en l’air
et s’égosille

                l’en-ascension planeur
jaune fluo glisse
embouque un couloir
une cheminée d’impalpable vapeur)

Ces prairies à surprises et dru l’aveugle
vent braillard
                  ses portées de paroles en miettes
(du rail    hebdomadaire / ça va
du crépuscule élémentaire à l’arbre /
der’s Digest et La vie / What’s on
mon cher ? / coupez…) cet embrun
qui tremble à même un volet
                                         ces jours
à travers le mur et l’odeur
de ce mur même
                       le cap doigt de cambouis
doigt violet crochu      chaudron
de bruyère     socle à chaumes
tricot d’ajonc     enclume des sorcières
et la pierre à lever / coucher
sur un édredon de fougères

et cet algèbre enfin      ce corps
encore chaud
                  momentanément songes-y
                  c’est ton lot

Tu avances englouti farfadet livide
tu regardes
                t’éloignes dans
le froid les dents de l’abîme qui gagne

                                                10 juillet 2001

Henri Droguet, 48°39’ N – 2°01’ W (et autres lieux), poèmes, Gallimard, 2003, p. 59.

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