
Bande dessinée - 116 pages
Editions Rackham - mars 2018
Sait-on assez que parmi les artistes hommes mondialement connus par leurs œuvres picturales, musicales, politiques... on compte les pires petits amis de l'Histoire ? Edvard Munch et ses manipulations mentales, Mao Zedong qui se lave dans ses jeunes femmes, Ingmar Bergman qui sème à tous les vents et briser des carrières de femmes devenues mères accaparées, le séduisant poète Percy Shelley qui en a conduit plus d'une au suicide, Phil Spector et sa possessivité maladive, John Lennon l'étouffant, Staline, mais aussi le père Barbapapa ! Heureusement, certaines femmes ont réussi à s'émanciper des griffes de leur prédateur, à l'image de Voltairine.
Un petit anti-manuel d'Histoire avec des portraits revisités d'hommes toxiques dont les biographies habituelles n'évoquent guère que la gloire et le talent. Avec à la fois humour et reconstitution à partir de récits biographiques, Liv Strömquist bouscule certaines figures d'idoles. Et rappelle ainsi que les abus de pouvoir d'hommes sur les femmes, malgré l'absence alors de médiatisation, ne sont pas des lubies contemporaines issu d'un mouvement hystérique.

Si elle se détache de figures particulières, c'est pour nous interroger plus généralement sur le concept de famille nucléaire : depuis quand et à qui cela profite-t-il ? Et pourquoi les enfants sont des modèles conservateurs ? Dans cet environnement hostile, l'autrice ne peut détourner le regard des femmes, admirer leurs combats quotidiens, souligner leurs instrumentalisations et leurs risques. Être toutes les femmes.
J'ai regretté parfois la taille excessivement petite des polices d'écriture, et puis peut-être aussi de la succession de chapitres qui parfois manquent de lien logique entre eux. Mais c'est un ouvrage très intéressant qui vulgarise par le roman graphique un travail sociologique féministe.