Le N??5 et ses descendants

Publié le 04 septembre 2008 par Véronique Bessard

Le premier bouquet floral ald??hyd?? voit le jour en 1921. Fruit de la collaboration entre, Mlle Chanel et Ernest Beaux, un parfumeur d???origine russe. Coco voulait un parfum qui sente la femme. Beaux choisit de composer un bouquet floral abstrait, capiteux, vivifi?? par une surdose d???ald??hydes. L???effet est aussi ??blouissant qu???inattendu. Il faut dire que le parfumeur russe a de l???audace : les ald??hydes aliphatiques, aussi appel??s ald??hydes gras, n???ont jamais ??t?? utilis??s auparavant dans ces dosages. Certains parlent d???une erreur de pes??e due au laborantin du parfumeur, peut ??tre des jaloux ?


Car Beaux a compos?? ce qui deviendra le parfum le plus c??l??bre du monde.
Un parfum ?
Que Dis-je?! Non, un mythe.
Le N?? 5 de Chanel.
Prononcez ces quelques mots devant une assembl??e de femmes, et vous obtenez, invariablement, un soupir ??merveill??.

Mais, abandonnons le parfum de Marilyn et penchons-nous un peu sur ces ??tranges mati??res premi??res que sont les ald??hydes aliphatiques, on pourrait presque, d???ailleurs, les appeler ?? antipathiques ?? tant leur odeur est d??sagr??able. Lorsqu???on les sent seuls, ils sont violents, gras, parfois rances. Dans la bonne dilution et surtout bien accompagn??s (agrumes, fleurs) ils ont un effet magique, il donne de l???envol, de la l??g??ret?? et une radiance exceptionnelle. Bref, ils sont au parfum ce que les bulles sont au champagne..
L???Ald??hyde C10 sent l???orange, c???est un peu normal, puisqu???on en trouve dans cette derni??re. L???ald??hyde C11 (insatur??) sent la bougie qu???on ??teint, il est rance mais en dilution a des facettes l??g??rement ros??es et citronn??es. Il m?????voque ?? haute concentration??? une vieille bo??te d???anchois ouverte dans laquelle flotteraient encore des r??sidus d???huile !! Le C12 lauric est un peut plus agr??able, savonneux, il rappelle l???atmosph??re d???une buanderie, ou on repasserai du linge. Le C12 mna est plus ambr??, presque animalis?? mais sent aussi le grand air. Il y a un lien entre les ald??hydes et l???air. Quand quelqu???un revient d???une longue journ??e ?? l???ext??rieur je per??ois, parfois, cette odeur typique que je relie toujours au vent, au soleil et ?? la peau humaine.

Dans la foul??e de Beaux, les parfumeurs vont largement utiliser ces mat??riaux et les beaux parfums se succ??dent. En 1927, Arp??ge, la m??me ann??e, L???Aimant de Coty, puis, en 29, Guerlain, sort ?? Liu ??. Dans les ann??es 30, le genre s?????tiole, parfums festifs, les ald??hyd??s n???aiment pas beaucoup les temps de crise.

Parall??lement, une autre branche de parfums puise ?? la s??ve cr??atrice du N??5, celle, plus sombre, plus confidentielle aussi, du chypre ald??hyd??. Avec le ?? Cr??pe de Chine ?? de Millot, Jean Desprez est le premier ?? tenter cette alliance hasardeuse et comme le dira plus tard, Edmond Roudnitska : ?? les ald??hydes gras faisaient une entr??e fracassante dans un milieu qui leur ??tait particuli??rement hostile ??. Les descendants, moins nombreux, mais tout aussi c??l??bres que leurs cousins floraux, ont pour nom : Zibeline de Weil (1928), Carnet de bal de R??villon (1937), Nuit de Lonchamp de Lubin (1937), malheureusement tous disparus aujourd???hui. Un seul parfum de cette ??poque traverse, tant bien que mal les ann??es ; Ma Griffe de Carven (1946), compos?? par Jean Carles.

Dans les ann??es soixante, on red??couvre le floral ald??hyd?? avec des parfums comme Madame Rochas 1960, Cal??che d???Hermes 1961, Climat de Lanc??me 1967, Calandre de Paco Rabanne 1969 et Rive Gauche d???YSL 1971.

Dans le genre, quels sont vos pr??f??r??s ?