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Sumana Sinha, une Indienne à Paris

Publié le 04 septembre 2008 par Mgallot

Bizarrement, dans le maquis des romans de la rentrée littéraire, peu me tentent. Effet pervers de l'abondance couplé à une aversion pour les mouvements de masse qui m'est propre, j'ai l'impression nauséeuse que trop de roman tue le roman et moi qui suis pourtant une lectrice assidue, je n'ai pas faim. Pourtant, il y a un roman que probablement, je lirai prochainement, un roman qui aiguise mon appétit.

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Ecrit en français par une jeune femme d'origine indienne (bengalie) vivant à Paris depuis 6 ans, Sumana Sinha, ce roman s'intitule "Fenêtre sur l'abîme" et est publié aux éditions de la différence.

Pourquoi ce roman plutôt qu'un autre? Sumana a déjà publié avec le poète Lionel Ray (son mari) plusieurs anthologies de poésie contemporaine indienne (elle est traductrice du bengali) et offre à ses lecteurs depuis déjà des longs mois des extraits de son roman sur son blog, des textes remarquables par la qualité de leur écriture et l'originalité de la voix de son auteur, toujours attentive aux détails auxquels elle sait donner sens et beauté.

Quand on sait que Sumana Shina n'a commencé à apprendre le français qu'il y a 10 ans, l'aisance avec laquelle elle s'est approprié de manière très personnelle notre langue est digne d'admiration. Elle explique dans une interview à BSC magazine comment la langue française s'est imposée à elle: "Vivant à Paris, il y a 4 ans, j'avais commencé à écrire un récit de séjour en bengali, mais je n'y suis pas parvenue: tous les mots naissaient dans ma tête en français! Alors j'ai pris ce risque, assez fou, d'écrire en français. Et c'était une noyade totale. Bientôt, j'avais oublié que le français n'était pas ma langue maternelle. Si jamais il y a un décalage dans mon français, justement, je pense que cela a ajouté un ton particulier, un rythme personnel à mon roman"

"Fenêtre sur l'abîme" est un roman que Sumana a voulu français, et qui, sans volonté d'orientalisme, construit un "double regard sur la société indienne et parisienne" selon les mots de son auteur. Inspiré par le vécu de Sumana, il parle de déracinement, d'identité, d'entre-deux dans ce que cet état peut apporter de grisant et de déchirant.

C'est un premier roman porté de toutes ses forces par son auteur - mais qui sans doute n'aura pas beaucoup droit aux égards des journalistes, sans parler des prix littéraires - une raison de plus pour s'y intéresser...

On peut voir et écouter Sumana Sinha en vidéo, et regarder la bande-annonce de son roman.

Extrait du roman:

Allongée, je voyais la ligne de ciel de Paris. Horizontale. Presque. Les tours. L’arc. Les toits aux petites cheminées rouges.

« C’est beau le sky-line de Paris ! »

« Sky-line ! Oui ! C’est joli comme mot : n’est-ce pas ? »

« Oui ! »

Je tourne la tête vers David . Les regards se croisent. Mon corps fait un virage et la ligne de ciel de Paris devient verticale. Ou presque.

La chambre d’hôtel au septième étage.

– « Je peux rester pour toujours ici. »

– « Toujours est le mot des femmes ».

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