
Présentation de l’éditeur :
Le 1er juillet 68, à 9h24, le Rapide 11049 quitte la voie G de la Gare de Lyon. Il n’arrivera pas à l’heure et de nombreuses vies s’en trouveront changées.
Presque soixante ans plus tard, les traces de ce voyage sont encore visibles.
Un couple sinistré dans la montagne pendant la tempête, un frère et une sœur face à une réduction de corps, un vendeur d’assurance qui n’en manque pas, un voisin trop serviable, une femme dont la mémoire s’effiloche, un vieil homme qui s’évade de la maison de retraite, un autre qui accumule les objets et un écrivain sauvé par Tintin.
La première nouvelle va entrainer les autres, tisser des fils, jouer sur le destin des personnages. Des nouvelles à lire comme un roman.
On s’y croise, s’y décroise, sans se percuter, encore que…va dresser
Le Rapide 11049 part toujours de la voie G à 9h24 : n’oubliez pas de composter votre billet.
Tout d’abord un grand merci à Patrick Dupuis et aux éditions Quadrature pour l’envoi de ce livre, qui a traîné longtemps dans les profondeurs des sacs postaux en retard suite à une grève de la Poste belge. Quand il est arrivé, seulement trois jours avant la Foire du livre, je me suis précipitée dessus pour pouvoir échanger avec l’auteur.
Quelle bonne mouture que ce recueil ! Qui n’en est pas tout à fait un car la nouvelle éponyme qui l’ouvre va dresser une galerie de personnages que l’on retrouvera, eux ou leurs descendants, dans les nouvelles suivantes. Nous sommes le 1er juillet 1968 à la gare de Lyon et les Parisiens ont beau avoir vécu des événements bouillants quelques semaines auparavant, le rituel des vacances, la cohue dans les gares sont bien présents. Monique, jeune femme ambitieuse et déterminée, a convaincu Jacques de partir dans le Sud, à Sanary-sur-Mer : pour eux, ce ne sont pas des vacances, c’est un changement de vie, ils ont tout laissé derrière eux, sauf le contenu de deux valises bien lourdes. Le train n’arrivera jamais à destination : il déraille un peu avant l’arrivée à Lyon, coupant net les espoirs de certains voyageurs, en traumatisant d’autres à vie.
Nous retrouverons notamment le fils de Monique dans deux autres nouvelles, un homme trop amoureux, qui vit dans un simple lotissement de banlieue et tente de combler les exigences matérielles de sa femme. La vie lui offre deux occasions de s’évader de son quotidien étriqué… non sans danger. Des voisins de pavillons de banlieue, on en rencontrera un autre particulièrement voyeur, dans une nouvelle à chute très réussie. Nous serons confrontés à une réduction de corps délicate (c’est-à-dire faire de la place dans un caveau de famille), nous serons plongés au coeur d’une catastrophe naturelle dans un petit hameau ligure, nous reverrons Monique et un autre voyageur à la fin de leur vie, la mémoire peu à peu réduite en miettes. Jusqu’à la nouvelle finale, joli « twist » sur le métier d’un écrivain qui attend l’arrivée de sa compagne en gare de Dax (et qui ressemblerait bien un peu à Gilles Dienst, non ?).
J’ai beaucoup aimé l’imagination de l’auteur, son écriture très visuelle, son attention à ses personnages, des gens ordinaires qui vivent leur quotidien tant bien que mal et font parfois des choix risqués, des gens dont Gilles Dienst croque le portrait sans jugement, avec une certaine tendresse et avec un humour parfois noir que j’ai aussi beaucoup apprécié. Seul petit bémol, une ponctuation bizarre pour la prof de français que je suis (un emploi assez rocambolesque des virgules) mais cela ne m’empêchera pas de goûter le premier recueil de l’auteur que je me suis évidemment procuré à la Foire du Livre !
« Cela ressemblait bien à Christelle cette idée, elle, la reine de la réduction, collectionneuse de coupons discounts, de voyages à prix cassés et de promotions en tous genres. La réduction de corps, c’était forcément l’étape ultime, le Graal des aficionados du genre. » (Tante Cécile)
Gilles DiENST, Le Rapide de 9h24, Quadrature, 2025
Quadrature fête ses 20 ans en 2025.