Je sais, l'électro-jazz est démodé. La faute aux Costes, Bouddha Bar, et autres loungeries qui ont érigé ce sous-genre en parangon de la beaufitude bobo post-moderne. Il est pourtant des artistes qui en préservent la noblesse, tel ce Kuniyuki Takahashi originaire de Sapporo, qui mêle allégrement ambient et house aux sonorités tribales du free jazz à la Pharaoh Sanders. Connu en tant que DJ sous le nom de Koss, le Nippon est un joueur de flûte émérite et il ne se prive pas d'émailler ses pièces nappées de synthés languides du son cristallin de son instrument favori. Pour cette troisième salve de remixes de son second album All of these things, ont été conviés Henrik Schwarz, le génial artisan teuton du retour en grâce de la deep-house, et le Madrilène Tony Lionni. Et autant le dire tout de suite, ils ont fait du très bon boulot.
"Dear african sky" réunit une guitare mandingue funky avec des choeurs tribaux et un piano dont la simplicité sublime rappelle l'excellent Sud-Africain Dollar Brand. La touche japonisante et méditative réside dans la flûte traversière fluide et caressante. On retrouve d'ailleurs cette flûte sur "Birds", le second track de ce maxi, laissé aux bons soins de Tony Lionni, un petit nouveau qu'il faudra surveiller de près, déjà auteur de quelques 12" sur Versatile et Mule Musiq.
Le traitement house opéré par les deux remixeurs est d'une finesse incontestable. Léger et caressant dans le cas de Schwarz, plus deep et percussif en ce qui concerne Lionni. On pense à certaines prods de Joe Claussell ou Kerri Chandler dans leur période "jazz mental". A noter que les précédents remixes, signés entre autres par Theo Parrish et A Mountain of One, valent également le détour. Et que tous ces travaux seront regroupés sur un Kuniyuki Remixed, prévu pour le 25 octobre, qui s'annonce tout bonnement merveilleux, puisque Chateau Flight et Cobblestone Jazz seront également de la partie.
En bref : Deux joyaux jazzy et tribaux emmenés par la flûte aérienne du Japonais Kuniyuki Takahashi et relus par ce qui se fait de mieux sur la scène deep-house. "A must have", comme ils disent.
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