Je recommence
actuellement la quête de Link dans Zelda : the Wind Waker. Jules, 7 ans, est en effet
bloqué dans la « forteresse maudite » et je l'aide à surmonter les
difficultés inhérentes à toute quête. En même temps, cela me permet d'entendre
de temps à autres « Ouahhh papa t'es trop fort ! », ce qui ne se
refuse jamais. Je retrouve le plaisir de ce jeu-univers, extrêmement large et
riche, la fluidité des déplacements, la beauté des graphismes, le plaisir des
contrôles offert par la manette si finement conçue de la Gamecube. Bref, je
prends un certain plaisir à parcourir des chemins déjà défrichés.
Et je repense à tous ces jeux fantastiques abandonnés par lassitude de
tourner en rond, bloqué du fait d'une énigme corsée ou d'une parole oubliée au
cours d'interminables dialogues avec les personnages. Si l'on additionne la
durée de vie aujourd'hui prévue par les concepteurs au temps nécessaire pour
résoudre certains puzzles, beaucoup de jeux d'aventure s'avèrent impossibles à
conclure pour le presque quadragénaire multi-hobbyiste, travailleur assidu,
doté d'une famille chronophage et surtout, foncièrement honnête.

Depuis, à chaque fois que je bloque un tant soit peu dans un jeu, j'entre aperçois l'ombre effrayante du traducteur fou qui aurait de nouveau frappé. Et j'en perds toute cohérence pour m'apercevoir, après avoir consulté de nouveau les « soluces » sur le Net, que la solution complètement logique était à ma portée.
Crimes non vengés et destins brisés
Combien d'histoires gâchées, de crimes non vengés, de destins brisés, à
cause d'un couteau dans le mauvais tiroir ou d'une clé sous le paillasson du
voisin ? Arrête-t-on la lecture de Robbe-Grillet ou de Duras à la première
incompréhension ?
Et si finalement les défis constitutifs du jeu vidéo étaient contournables sans
perdre le plaisir global ? Un jeu considéré comme facile, tel que
Fahrenheit, peut s'avérer néanmoins passionnant.
L'industrie le reconnaît d'ailleurs depuis plusieurs années, puisque l'on dit
que les jeux les plus médiatisés ont tendance à être de plus en plus faciles et
courts. Cette question de la durée de vie elle-même est assez étonnante :
demande-t-on à un film de faire systématiquement la durée de Ben-Hur pour en
ressortir satisfait ? Il en va de même des jeux vidéo comme pour du
cinéma : certaines oeuvres mériteraient d'être plus courtes.
Entre littérature linéaire mais prenante et hypermédia fascinant mais
déroutant, le jeu vidéo ouvre une troisième voie où les hard-core gamers et les
quadragénaires occupés peuvent se rejoindre, grâce à la triche. Les médailles
iront aux premiers, les seconds en auront tiré tout de même beaucoup de
plaisir. Et moi je vais le finir cette fois, Zelda !
Crédit des images : www.gamekult.com