Je ne parle certainement pas assez souvent de la ville où j’habite…depuis bientôt onze années presque en continu. Enfin, un point d’attache, comme on dit, pris au fond d’une vallée, se la coulant douce au bord de la Sûre ; dans le câlinement des forêts alentour.
C’est une grande chance de savoir, même si je n’en profite pas assez, que les biches et les sangliers, les geais et les perdrix sont mes voisins. Dans toutes les autres villes où je pourrais séjourner, y possédant des lieux de résidence, à part Neuvecelles au dessus d’Evian, et encore ; les animaux sauvages ont fini par déserter. Paris, ne parlons que des pigeons de Beaubourg, Strasbourg se donne heureusement le spectacle des poules d’eau en été et des cygnes en hiver, qui ont pris l’Ill pour lieu de représentation, une représentation royale, il faut le dire. A Bucarest je regarde les pigeons traverser le ciel vers six heures, de retour de la plaine valaque ou des lacs périphériques et les goélands, leurs ennemis font le planeur un peu plus tard, quand le soleil dit adieu. En hiver et au printemps ils se manifestent à coups de cris énervés.
Ici à Echternach, il me suffit de marcher un peu, de monter dans les sentiers du Mullerthal, ou de cheminer à la lisière des bois, sur les plateaux ventés d’éoliennes, pour sentir le froissement de la vie entre les feuilles et les branches.
Mais au moins, chaque année, je tente un hommage à tous ceux qui viennent avec ferveur dans ma ville. La procession dansante est comme une sorte de ponctuation dans la cadence de la vie. De Michel Rodange à Georges Calteux, j’en apprécie les protagonistes et je regretterais que cette année Georges n’ait pas pu jouer de son trombone avec la fanfare. Il le regrette certainement aussi, même si sa jambe réparée ne lui permet pas encore les performances d’antan et s’il préside depuis avril aux destinées de la salle de spectacle, centre de la culture et du tourisme dont Echternach s’est dotée, le trifolion.
C’estla passation de pouvoir au Festival d’Echternach. Un ancien secrétaire général du Ministère de la Culture, Georges Santer, ambassadeur en France succède à mon ami Adrien Meisch, ambassadeur honoraire. Et Cyprien Katsaris, le célèbre pianiste, prend aussi une retraite locale. Deux pianistes quittent ainsi en même temps le devant de la scène.
13 mai, date importante pour l’histoire de la France et par hasard cette année, un peu tôt, le mardi de la Pentecôte et tout autant dans la synergie des dates, un anniversaire pour Saint Willibrord né en 658 en Northumbria.
Un moine Anglo-Irlandais à participé activement à la consolidation catholique du nord de l’Europe, aidé en cela par l’abbesse Irmine.
J’attends que les protagonistes de cet anniversaire, René Zimmer le premier, confirment leur volonté d’en faire un personnage européen dont nous pourrions tracer la route. Nous verrons bien. Cette année un congrés l’inscrit sous l’égide de l’œcuménisme !
Année jubilaire qui s’accompagne aussi de l’ouverture dans la basilique d’un centre d’interprétation que j’ai visité lundi. La volonté d’une inscription sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO aura au moins eu ceci de bon de provoquer un rien d’explication en plus sur ce saint mal connu et sur une procession d’essence thérapeutique - miraculeuse - religieuse. Elle manquait réellement, l’explication.
Ainsi le mai des grandes fêtes de printemps s’inaugure cette année à ma porte. Bien d’autres sont prévues pour mes prochains voyages. Mais partir de chez moi pour les célébrations n’est que justice.
J’ai ajouté des photographies à ma collection…sur le même parcours et avec un soleil éprouvant.
Et le temps a fait un tour de roue.
Soleil avez-vous dit…eh oui, tout est en fleurs après une attente insensée où j’ai cru mourir d’un horizon trop gris, trop brumeux. Et surtout après avoir fait des allers et retours vers les fleurs du sud à plusieurs reprises.
Le printemps sourit à ma porte.