Une halte de la Via Francigena dans les Appenins de la Province de Parma. Le pèlerin en rouge est en marche depuis la France vers Rome et Jérusalem
Il m’arrive finalement assez rarement de parler très concrètement de mon travail. Je me concentre plutôt sur un aide mémoire qui suit à la trace quelques impressions. En attendant le moment de reprendre le fil conducteur pour en tisser un récit plus cohérent.
Le voyage immobile des livres et des romans étant pris à égalité avec le voyage réel.
J’évoque quelques noms. De ceux qui comptent parce qu’ils sont devenus des amis ou qu’ils ont pris une dimension marquante dans le parcours de construction d’un programme européen discret, mais cependant majeur.
Les coulisses, elles se sont placées comme un élément indispensable du dispositif - de fait et en raison de la durée du programme. Il s’agit d’abord d’archives, d’une multitude de livres et de documents, « d’études de cas », comme on dit, pour signifier qu’il y a des réussites à ne pas imiter telles et des erreurs à éviter. Mais l’acharnement des Institutions à suivre toujours les chemins de la pureté administrative, dans l’excès ou du désir politique, dans la recherche de grandeur ou de pouvoir, fait que les meilleures études de cas, à ne pas suivre, voire même à éviter, viennent trop souvent de sources qu’on voudrait « responsables ».
Laissons de côté leur intention louable, qui n’est pas contestable, la défense théorique des valeurs, qui est plus que nécessaire et cherchons plutôt à créer des ponts réels. Je veux dorénavant garder mon calme en ce qui concerne les stratégies à la petite semaine auxquelles je suis trop souvent confrontées.
Les coulisses des itinéraires sont faites pour les mariages entre ceux qui ont des désirs d’entreprendre, des désirs de travailler dans le concret du territoire. Ceux qui se sont souvent dressés contre les habitudes ou les craintes.
Mais je vois bien que plus je m’approche du sujet quotidien, plus je perds en lyrisme.
Les véritables coulisses des itinéraires culturels, ce sont pourtant celles où se joue l’avenir des projets ; là où Nerina Monti vient expliquer ce qu’elle attend d’un itinéraire des lieux d’exil des « confinati » italiens du temps du fascisme ou de la Seconde Guerre Mondiale, là où l’idée d’un itinéraire du patrimoine juif s’est concrétisée entre quelques organisations volontaristes, là où les partenaires de l’itinéraire des migrations parlent de leur expérience dans les cités, ou encore quand les responsables du patrimoine des pays arables ouvrent la discussion avec ceux de l’Espagne catholique.
Autrement dit quand on cherche vraiment comment concrétiser « les valeurs culturelles de la citoyenneté européenne ».
C’est sous ce titre, qu’avec Alain Ohnenwald nous avions préparé en octobre 2000 un colloque qui a réuni des écrivains, comme des spécialistes de la mémoire, des responsables de centres d’art, comme des hommes de médias, des responsables de jardins, comme des architectes.
Des coulisses comme celles-là, véritables laboratoires, il n’y en plus assez, car on nous demande certainement trop de dispositions administratives.
Mais je l’ai déjà dit, venir à Fidenza, en Emilie-Romagne, puis demain en Toscane, « évaluer » la Via Francigena, c’est profiter d’une démarche réglementaire, pour toucher la réalité et célébrer ce qui est le meilleur ; le désir de ceux qui se sont mis en chemin.