Paysage de Monteriggioni et fierté de son maire
Rien ne vaut le parcours concret le long des itinéraires. Je l’ai encore apprécié en Andalousie et, au fur et à mesure des arrêts, dans le brouillard paresseux des Apennins, au bord des forêts d’altitude, dans le calme des arrêts où chacun cherche à défendre les produits locaux et typiques, la Via Francigena concrétise aujourd’hui ses offres et ses abandons.
La Province de Parme a fait de très gros efforts en ce qui concerne non seulement l’aménagement des chemins et des haltes, mais plus encore pour lancer ou aider des initiatives de parcours. Ainsi Cammina Cammina, qui a lieu plusieurs fois par an, à la belle saison, suit le trajet Fidenza – Lucca.
Ce sont deux grandes régions touristiques d’Italie, l’Emilie-Romagne et la Toscane qui s’offrent ainsi à la découverte, dans leurs contrastes. Car les chemins serpentent loin des grandes routes. On y prend le temps du regard et de la surprise. On y rencontre aussi une explication en vraie grandeur du paysage et de ses transitions.
La montée vers l’humidité des pinèdes et des hêtres, précède une descente dans le travers de la Toscane, en passant par les environs de villas que les grands négociants de la soie ont fait aménager en sites horticoles au moment où l’industrie textile poursuivait sa progression vers le nord.
Et cette plongée permet de mieux comprendre l’articulation des grandes régions italiennes. Un versant vers la Toscane, la côte Ouest de la Méditerranée et Livourne, un autre versant vers les Marches, la côte Est de la Méditerranée et Rimini.
Pour notre part, nous avons poursuivi au-delà de Lucca et de sa cathédrale Saint Martin, après Altopascio pour rejoindre la Cantigiane, ces horizons du vignoble du Chianti qui convergent vers Sienne et son hôpital dont j’ai déjà souvent parlé : Santa Maria della Scala, accueil éternel et consolation des pèlerins.
C’est en province de Sienne que les aménagements de la voie vont aujourd’hui leur train et que les maires ont décidé de jouer ensemble une charte de qualité. De San Miniato à San Gimignano, Gracciano et la découverte de Monterigionni avec des 560 mètres de fortifications et ses quatorze tours, village fondu d’un côté dans les champs de Graminées et surmontant de l’autre les vallées qui rejoignent Sienne.
Dans les sortilèges de Dante qui y situe certains de ses chants et dans l’énergie du Maire qui y soigne le premier panneau posé par le Ministère de la Culture et y organise, comme une évidence une fête médiévale où les touristes peuvent croire au passé composé.
Entre l’Enfer, le Paradis et le Purgatoire.
« Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscurra
ché la diritté via era smarrita.
Ahi quanto a dir qual era è cosa dura
Esta selva selvaggia e espra e forte
Che nel pensier rinova la paura !
Tant’è amara che poco è più morte ;
Ma per trattar del ben ch’i’ vi trovai,
Diro de l’alter cose ch’i’ v’ho scorte.
Io non so ben ridir com’i’ v’intrai,
Tant’era pien di sonno a quel punto
Che la verace vis abbandonai.
Mai poi ch’i ‘ fui al piè d’un colle giunto,
Là dove terminava quella valle
Che m’avea di paura il cor compunto,
Guardai in alto, e vidi le sue spalle
Vestote già de’ raggi del pianeta
Che mena dritto altrui per ogne calle. »
En dehors de tout artifice, il est vrai que le lieu est magique, comme un îlot de temps conservé.