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Dimanche 18 Mai 2008, Pintoricchio, de Spello à Perugia

Publié le 31 août 2008 par Memoiredeurope @echternach

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Giovanni di Piermatteo detto Boccati, Andata al Calvario 1446-1447, Tempera su Tavola, Perugia

Miracoli di San Bernardino da Siena, 1473, Tempera su Tavola, Perugia

Il Crocifisso con i santi Girolamo penitente e Cristoforo in un paesaggio , (attribué à Pintoricchio), Roma Galleria Borghese  

N’étant ni un spécialiste de l’Italie, ni un historien de l’art, on me pardonnera je l’espère de n’avoir pas connu Pintoricchio avant ce week-end.

Pour ma deuxième découverte de l’Ombrie, je ne voulais pas manquer de mieux comprendre Assisi et Perugia. Cela me manquait. Mais les responsables de la Strada delle Pace étaient une fois de plus convaincus qu’il fallait m’attraper au vol et qu’avant une séance de travail indispensable pour structurer l’itinéraire, il fallait absolument me faire visiter le cœur de leur itinéraire où la personnalité de saint François est si importante. 

Mais comme il faut des plus à toute chose – je ne parlerai pas cette fois des repas – ils ont profité avec juste raison de mon passage à Spello pour me faire visiter la Chiesa di Santa Maria Maggiore où se trouve une chapelle dédiée à la Madone. Dans un bâtiment attenant on avait aussi réuni des objets qui figurent dans les peintures et restituent l’environnement du peintre et l’esprit de la Renaissance.

De fait, c’est tout un itinéraire du peintre qui a été créé, passant tant par les deux villes que j’ai citées que par Trevi, Spoleto, Orvieto et Città di Castello. Sans oublier les chemins qui abritent d’autres saveurs et des produits typiques : huile, vins étrusques et sagrantino. 

Bernardino di Benedetto di Biago, dit le Pintoricchio naît entre 1456 et 1460 à Perugia. Voilà certainement la seule précision que je vais donner. Il faut toutefois ajouter qu’il meurt en 1513 et que l’histoire de l’art l’enterre – au mieux - comme un illustrateur minutieux, sans véritable envergure, dont on ne retiendra que le souci du détail.

Mais – j’allais dire bien entendu – c’est ce souci du détail qui lui vaut la gloire d’aujourd’hui, une démarche sur laquelle l’exposition à Perugia insiste longuement en présentant des vidéos qui frôlent tous les détails comme une abeille butine les fleurs.

Gloire italienne ou de spécialiste, je dois dire, car si je n’étais pas venu et malgré le remarquable travail de recherche, de publication et le site web, rien de tout cela ne m’aurait atteint. Il faut dire que, comme souvent, tout se passe en italien. Cette langue est certes universelle, mais son universalité s’est un peu perdue, dois-je ajouter pour les amis italiens qui s’attendent à ce que le vaste monde fasse toujours le Grand Tour comme il y a cent cinquante ans. Alors pourquoi s’efforcer de traduire ou de communiquer ?

Botaniste, zoologiste, ce peintre de la douceur, dont les œuvres sont toujours paradisiaques, est dans la lignée de Boccati qui arrive à montrer la montée au calvaire comme un défilé – j’allais dire de mode – où seuls, les cailloux de la route, dessinés un par un, : montrent que tout n’est pas pavé de bonnes intentions dans notre monde terrestre éloigné de l’Eden.

Mais au-delà de cette monstration, Pintoricchio poursuit les desseins de Dieu et veut les traquer comme des vérités incarnées. Ainsi dans le Miracle de saint Bernard, on est plutôt plongé dans une scène galante où un lévrier ose à peine fouler, avec grâce pourtant, un mille fleurs comparable à ceux de la Licorne. La Vierge, le bambin sacré et les saints vivent une belle histoire, fleurie et bénéfique. Nul doute que la peur du vaste monde s’efface dans les Palais des Princes et des Papes, même la peur de la mort. 

Chacun veut oublier sa « compétition » et la comparaison difficile avec Perugino dans l’œuvre duquel les parentés avec Leonardo da Vinci et Piero della Francesca créent un appel d’air d’un tout autre ordre. 

Le Perugin est un architecte, un homme de la composition et c’est le placement de ses personnages qui fait symbole. Pintoricchio semble tout autant profondément croyant que ses collègues – comment ne le serait-il pas – mais il est moins ambigu que Leonardo et il croît que Dieu aime autant les fourmis que les hommes ; alors il les représente.

C’est peut-être cette humanité à l’échelle de la mousse que nous recherchons aujourd’hui, faute de boussole symbolique. 

Et les Italiens ont trouvé une âme simple, à réhabiliter.  


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