
Je n’écoute plus la radio. Je ne regarde plus les actualités télévisées, Je masque toute une série de billets sur les réseaux.
J’ai l’impression que tous les médias se sont mis d’accord pour danser une farandole endiablée autour d’une mascarade partagée.
Guerre. Guerre. Guerre.
Menace. Danger. Patrie. Armée. Armements. Défense. Défense.
DÉFENSE!
Conscription. A vos ordres, mon commandant. Soldats, serrez les rangs.
Un peu de discipline ne vous fera pas de mal. C’est ça, rompez les rangs.
Le requiem funèbre des généraux généreux en paroles d’experts.
Les hommes sont faits pour la guerre comme le plombier est fait pour le sanitaire.
Napoléon.
Les bidasses en folie.
La grande zizanie.
J’ai souvent ressenti cela au cours de ma vie. Quand un seul et unique message doit être assené aux foules
(avec la complicité niaise des médias)
citoyens, citoyennes, il y a urgence, il faut absolument, coûte que coûte, sang et sueur, sacrifice, gloire et patrie.
L’union fait la farce.
Alors que tout cela, si on prend un peu de recul, est cyniquement ridicule.
La grande commedia degli altoparlanti assordanti.
La grande comédie des hauts-parleurs assourdissants.
Ainsi tourne le monde.
Il y a des intérêts majeurs qui ne sont pas les nôtres, mais qui nous gouvernent.
Il y a des principes immoraux qui donnent le la de toute la stratégie des décideurs bien-pensants.
Allez-y, envoyez vos fils sur le front.
Mais pas les miens.
Objecteurs de conscience.
On se croirait dans un film de Kubrick. Évidemment, Docteur Folamour.
On crée de toutes pièces des ennemis. Et on incite la foule à leur cracher dessus.
Ayez peur, bonnes gens, ils vont nous envahir.
Ce sont des êtres monstrueux et sanguinaires.
On s’angoisse, on s’extasie.
On fait sonner les clairons.
Il faut de la chair à canon.
Bonjour les pistons.
Soudain, les milliards fondent sur nous.
Soudain, les milliards se débloquent.
Soudain les milliards engloutissent les déficits.
Et tant pis pour les pauvres, les indigents, les réfugiés.
Tant pis pour l’écologie.
Ah, la belle arnaque, l’écologie.
Personne n’y croit, même pas eux.
Le bilan carbone des usines de mort.
Le respect de l’environnement des missiles qui lacèrent le ciel.
Les bonnes pratiques guerrières afin de préserver les ressources naturelles.
Un système des choses benêt, sans issue, pleutre.
Les dirigeants prouvent chaque jour l’étroitesse de leur esprit.
Un manque de grandeur affligeant.
Malheureusement, je ne vois plus beaucoup de lumière. Malheureusement, je ne vois plus beaucoup de ciel bleu.
Même les mots ne sont plus les miens. Même mes jambes ne me portent plus comme avant.
La liberté, je l’ai souvent dit, une belle illusion. Une illusion tout court.
J’entends le vacarme des chars. J’entends le bruit des bottes. Il faut des êtres à broyer. Il faut un scénario catastrophe. Il faut le scénario du pire. Il faut un ordre de bataille. Il faut des chefs impitoyables.
De sorte à dissimuler les péchés. Les péchés infâmes de bien trop de monde.
Quand un aveugle guide un aveugle, voilà ce qu’il arrive.
Mélancolie continue.
Tiens, puisque l’intelligence est une valeur perdue. Puisque les hommes ne se régissent plus que par des considérations cupides et fanfaronnantes.
Puisque les clowns sont de sortie. Les clowns bariolés et assoiffés de sang qui plaisent tant aux foules.
The fool on the hill.
Licence to kill.
Puisque les océans se rapetissent. Puisque les êtres sont conviés à s’affronter. À se massacrer. À se dilacérer.
Puisque les individus sont voués à s’entretuer.
Les générations qui ont le souvenir de la grande faucheuse disparaissent.
Alors, il est temps de plier bagage.
Les choses qui m’entourent, solides et stables, ne bougent pas d’un iota. Mais quand des gens passent avec ce décor en arrière-plan, la photographie les rend fantomatiques.
Quelqu’un a actionné la priorité à la vitesse en optant pour des temps d’exposition très longs, de sorte à ce que tout devienne flou.
Pour l’instant, tout le monde est fantomatique. Tout le monde semble chaviré.
Un bateau ivre, à la merci des flots.
Ce ne sont pas les artistes qui sont en question. Les artistes sont des pauvres gueux comme les autres. Ils ne comprennent rien au monde, mais passent leur temps à donner des explications.
Les meilleurs d’entre eux soulèvent des questions. La majorité propage des idéologies sous couvert de façades artistiques.
C’est ainsi que les hommes et les femmes, et les jeunes et les enfants, sont conditionnés pour s’habiller à la convenance d’idées qui ne sont pas les leurs.
Ce long message n’a absolument aucun intérêt, ni aucun objectif.
Je ne crois plus à la force des mots, et encore moins au poids des images.
Je voudrais simplement m’asseoir quelque part avec un beau panorama et me laisser caresser par le rayon du soleil.
Et peut-être fermer les yeux en attendant la fin.