(Merci à Lupus pour cet article)
Le solaire est en passe de détrôner l'éolien.
La hausse des coûts de fabrication des éoliennes rend moins intéressante financièrement l'électricité qu'elles produisent. Théoriquement plus rentable, la technologie du photovoltaïque s'annonce plus prometteuse.
Les capacités annuelles et cumulées dans l'énergie solaire comparées à l'énergie éolienne 9 ans plus tôt.
Total est prêt à tirer un trait sur l'éolien pour concentrer ses ressources dans les énergies renouvelables sur le solaire photovoltaïque. "Nous sommes ouverts à une transaction", reconnaît le groupe pétrolier. Si ses 12MW de capacité éolienne ne représentent rien au regard de la taille de la "major", la décision est symbolique. Car, après avoir connu cinq années folles en France, avec une multiplication par dix de la capacité de production d'électricité, et une frénésie d'acquisitions - Suez a par exemple déboursé 321 millions d'euros l'an dernier pour mettre la main sur la Compagnie du Vent -, le secteur éolien s'essouffle.
Les incitations gouvernementales ne sont pas en question. Pour accélérer son développement, et atteindre l'objectif de 20% d'électricité verte dans la consommation nationale en 2020, le prix de rachat par EDF de l'électricité produite par les éoliennes a été arrêté en 2006 à 8,2 centimes le kWh pour au moins dix ans. Mais les conditions économiques ont un peu déplumé la poule aux oeufs d'or. Premier responsable : la flambée du prix des matières premières, notamment de l'acier. À puissance équivalente, une turbine d'éolienne se vend 50% plus cher qu'il y a cinq ans. Les fabricants ont aussi largement profité de l'explosion de la demande pour relever leurs tarifs.
Conséquence, pour être vraiment rentable, l'éolienne doit être installée dans une région qui offre d'excellentes conditions de vent. Mais ces zones se font de plus en rares, ce qui alimente la compétition entre producteurs et fait flamber les prix d'installation. Sans compter l'opposition grandissante des élus et de la population. Selon, les analystes d'Exane BNP Paribas, le taux de rendement d'un investissement dans l'éolien pourrait, selon les pays, ne plus atteindre que 6% à 9% contre 8% à 13% l'an dernier.
C'est pourquoi, depuis quelques mois, les plus grands opérateurs français, comme EDF Énergies Nouvelles, filiale d'EDF, ou Séchilienne-Sidec, une émanation des anciens Charbonnages de France, concentrent leurs investissements sur le solaire photovoltaïque. Cette technologie, qui permet de transformer les rayons du soleil en électricité, est environ trois fois plus chère que l'éolien. Mais, avec des tarifs de rachat plus élevés (30 centimes par kWh), et pendant vingt ans assurés, elle offre des marges supérieures. Un euro de chiffre d'affaires rapporte 85% à 90% de résultat brut opérationnel dans le solaire, contre 80% dans l'éolien.
Autres avantages avancés par les opérateurs : les prévisions d'ensoleillement sont plus fiables que celles du vent ; dans les pays chauds, le soleil est à son zénith lors du pic de consommation d'électricité, entre midi et deux, lorsque les climatiseurs tournent à plein régime ; et, à la différence des éoliennes, les panneaux photovoltaïques peuvent être installés sur le toit des immeubles, là où l'électricité est consommée, ce qui réduit les coûts de transport du courant. Enfin, les évolutions technologiques et la hausse des volumes devraient se traduire par une baisse des coûts de production des panneaux photovoltaïques.
Besoin de fonds propres
Le solaire a tout pour séduire. Mais ce qui est beau est cher. Un MW de solaire coûte plus de 4 millions d'euros, dont environ le quart doit être apporté en fonds propres. Il y a quelques mois, la Bourse était prête à apporter l'argent nécessaire. La crise a changé la donne. EDF EN a besoin de 500 millions d'euros pour mener ses projets dans le solaire. Sans l'appui d'EDF, la société aurait certainement dû freiner ses ambitions.
(Olivier Pinaud - La tribune 04/09/08)