Les maîtres scandinaves et finlandais en France, 1870-1914.
Palais des Beaux-Arts - Place de la république - Lille
Du 10 octobre au 5 janvier
Une petite dédicace à notre finlandaise fétiche Karenblixen.
L'herbe sèche et les rochers se disputent, un ruisseau s'étend et serpente entre des langues de terre couvertes d'une végétation touffue... Un typique paysage finlandais, cette sublime contrée où il fait si bon vivre. Le décor est dignement planté pour cette exposition qui s'annonce divine. Ce genre de décors, les français en ont raffolé au tournant du XXe siècle, alors que les maîtres de la peinture nordiques séjournaient à proximité de la forêt de Fontainebleau, à Barbizon, sur les rivages de la Manche, de Bretagne ou de Normandie. Ces artistes avaient trouvé, le long de ces côtes, un terrain de jeu enrichissant pour leurs techniques et leur désir d'exploration artistique via des motifs particulièrement propice à la libre création : vues sauvages, rurales ou maritimes.
Fascinée par l'attachement profond des Nordiques à la nature, à l'homme et à l'écologie, la France a collectionné leurs toiles. Paris leur ayant offert la consécration aux Expositions universelles de 1889 et 1900.
L'exposition "Echapées nordiques" à Lille ranime le souvenir de cette douce période à travers une centaine d'oeuvres issues des collections françaises, des tableaux, des dessins, des gravures et des sculptures.
Un ensemble très terrien, aérien et lumineux.
Un réalisme confinant parfois au naturalisme édifiant.
Façonnés par une simplification picturale inspirée de Manet, attirés par des thèmes axés sur le caractère, les peintres scandinaves et finlandais sauront tous traiter paysages, portraits, scènes de vie quotidienne et intérieurs avec un grand souci de réalisme, confinant parfois au naturalisme édifiant, même sordide. Certains s'essaieront à une peinture d'atmosphère, impressionniste, expression saisie et saisissante des jours comme par exemple chez le Suédois August Strindberg. Munch concrétise son angoisse avec une virulence novatrice qui influencera directement l'expressionnisme germanique.
Une impression, l'éternité dans toute son immobilité. Pour s'en rendre compte, Albert Edelfelt et son célèbre portrait de Louis Pasteur.
Femmes dans leur intimité.
A la fin du siècle, le Danois Vilhelm Hammershoi évolue vers un symbolisme intimiste. Tenue à distance, recluse, une jeune femme vêtue de noir occupe ses "intérieurs". Huit clos étouffant où la lumière ne filtre qu'à travers d'austère fenêtre. Chez Anders Zorn ce sont aussi des femmes offertes. Seulement les siennes sont nues.
Et ce genre de peinture peut aussi définir la peinture nordique.
Une femme belle et farouche, envoûtant le peintre comme le spectateur.
La Femme du Musée d'Orsay est un bon exemple à admirer.