Nous nous attardons aujourd'hui à l'analyse des performances du site officiel des Jeux Olympiques de Pékin.
Très en vue durant tout le mois d'août, la seule version chinoise du site a attiré plus de 16 millions de visiteurs uniques sur les dix premiers jours de compétition (ComScore).
A l’occasion du plus grand événement sportif mondial, la Chine a mis les petits plats dans les grands. Pendant deux semaines, la Chine s’est démenée pour offrir au monde entier un évènement d’une rare beauté et d’une grande efficacité, que ce soit au niveau du spectacle, de l’organisation, de l’accueil, des moyens déployés pour l’infrastructure ou bien encore des retransmissions télévisuelles.
Pour profiter au maximum de cette Olympiade, le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques de Pékin (le BOCOG) a mis en œuvre un site Internet officiel en chinois et dans les deux langues Olympiques que sont le français et l’anglais.
Le portail Sohu, partenaire officiel du BOCOG, a été spécialement chargé de créer, d’héberger, d’animer, de mettre à jour en temps réel et de maintenir ces différentes versions.
Page d'accueil du site officiel des JO de Pékin
(www.beijing2008.cn)
Lourd défi que de mettre en œuvre un tel site d’information, qui doit également être agréable à consulter et accessible à tout moment de n’importe quel endroit de la planète !
Des performances similaires, quelle que soit la version du site
Depuis plusieurs mois, ip-label mesure les performances des versions chinoise et anglaise dans un environnement end-user, c'est-à-dire de la façon dont un internaute le perçoit, qu’il se connecte depuis différentes provinces chinoises, ou depuis les grandes villes d’une quinzaine de pays importants.
Dans la suite de cette étude, nous allons découvrir les performances enregistrées entre le 1er juin et le 24 août, jour de la cérémonie de clôture.
Le graphique ci-dessus présente l’évolution de la disponibilité du site officiel en anglais et en chinois. Si quelques incidents ont été constatés à l’approche du 8 août, on constate aisément que les deux versions du site enregistrent des performances relativement similaires.
Le graphique ci-dessus montre toutefois que de fortes disparités existent en fonction de l’origine de l’appel. Un internaute japonais mettait ainsi 3 fois plus de temps qu’un internaute de Shanghai pour voir la page d’accueil s’afficher dans son intégralité.
Malgré l’immense audience du site, il est cependant intéressant de constater que les performances sont relativement homogènes : un temps d’accès compris entre 10 et 13 secondes, ce qui est minime à cette échelle.
Là encore, les organisateurs n’ont rien laissé au hasard, et ont décidé d’anticiper l’afflux de visiteurs en provenance des différents endroits de la planète, afin d’éviter que ne se produise un effet d’entonnoir. La solution ? Faire en sorte que les internautes ne soient pas tous obligés de se connecter au même endroit.
Pour cela, le site a été déployé sur des serveurs de la société Akamaï, répartis un peu partout sur la planète, et directement connectés sur les principaux réseaux des opérateurs. Il n’existait donc pas un site officiel des Jeux Olympiques aux capacités techniques exceptionnelles, mais une multitude de serveurs d’une capacité beaucoup plus raisonnable.
Ainsi, un internaute New-Yorkais ne se connectait physiquement pas sur le même serveur qu’un Australien ou qu’un Français. Et même au sein d’une même ville, en fonction du fournisseur d’accès utilisé, le serveur n’était pas le même.
Quand Michael PHELPS, Usain BOLT et leurs camarades influent sur les performances du site officiel…
Mais l’accès au serveur et le chargement de la page d’accueil ne suffisent pas à l’internaute, qui va rechercher une information précise sur le site. Pour cela, il va réaliser un certain nombre d’actions.
Afin de mesurer les variations de performances, ip-label a réalisé un scénario déroulant 4 actions telles que les entreprendrait un internaute, consistant à se connecter au site pour charger la page d’accueil, consulter la rubrique de présentation des sites olympiques, zoomer sur la présentation du Stade National, puis consulter le programme des compétitions.
Si l’on observe sur ce graphique que les performances d’accès et de chargement de la page d’accueil ne sont pas trop impactées, en revanche la dégradation s’amplifie énormément au fil du déroulement des actions. Les performances observées sont très représentatives de l’intérêt et de l’usage du service par les internautes.
Un premier pic est ainsi observé à la mi juillet, soit 1 mois avant le début des compétitions, ce qui doit probablement correspondre à la période de finalisation de la préparation des voyages en Chine. Les performances s’améliorent à la toute fin du mois de juillet, jusqu’au 8 août, jour de la cérémonie d’ouverture des JO.
Une semaine après, une légère amélioration est constatée, présentant un désintérêt passager de la part des internautes à l’issue des compétitions de natation, puis ce pic redémarre le 17 août, au lendemain de la finale du 100 m homme en athlétisme, la plus rapide de l’histoire.
La performance s’améliore de manière spectaculaire à partir du 22 août, à la fin des épreuves les plus appréciées, pour retrouver son niveau du mois de juin…
Et les internautes chinois dans tout ça ?
L’accès au site officiel des Jeux Olympiques a également été testé depuis 11 grandes villes chinoises, permettant de vérifier l’impact de l’affluence internationale sur les performances locales.
Le graphique ci-dessus montre l’évolution du temps nécessaire pour accéder au site officiel, sans le chargement des images de la page d’accueil. Jusqu’à fin juin, les performances évoluaient en dents de scie, avec une dégradation assez nettement marquée vers le 29 juin. Puis, début juillet, ces performances se sont considérablement améliorées, se stabilisant à un niveau très bas jusqu’à la fin de l’Olympiade. L’explication de cette courbe surprenante réside dans le fait que jusqu’à fin du mois de juin les internautes du monde entier se connectaient sur le même serveur physique basé en Chine.
A partir du mois de juillet, l’installation du site officiel sur les différents réseaux opérateurs dans les principaux pays de la planète a permis de « libérer » les serveurs chinois uniquement pour les internautes Chinois, qui ont ainsi pu bénéficier d’une très grosse infrastructure pour leur propre usage.
Cependant, les villes situées au sud du Pays ont bénéficié de meilleures performances d’accès au site. Un plus grand nombre d’internautes chinois ont toutefois pu bénéficier d’une fluidité d’accès au site officiel des Jeux Olympiques par rapport à ce qui peut être constaté pour d’autres sites Internet, tels que les portails ou les sites de commerce électronique. Il en est ainsi des habitants de Nanjing ou de Beijing, par exemple.
En conclusion
Les organisateurs n’ont rien laissé au hasard, faisant preuve d’une qualité d’accueil exceptionnelle, aussi bien pour les déplacements physiques que pour les visiteurs virtuels. Peu d’internautes ont eu à subir des lenteurs d’accès et de chargement des pages des différentes versions du site officiel.
En mettant en œuvre des moyens techniques colossaux, la Chine a réussi l’un de ses paris, montrant au monde entier sa maîtrise technologique. Finissant déjà au premier rang du classement des médailles, la Chine s’avère décidément être le grand gagnant de ces XXIXe Olympiades.
Par Christophe Depeux - Directeur Asie Pacifique d’IP-Label,en collaboration avec Alain Petit
pour L'Atelier BNP Paribas Pas de tag pour cet article Lire les articles associés