Cela fait déjà un an que j’ai quitté la France pour le Canada. Aujourd’hui sonne l’heure du bilan.
J’ai de la difficulté à écrire ces lignes, car en ce moment tout n’est pas rose sur la toile de ma vie. Au niveau professionnel, je traverse une zone de turbulences qui ne fait que conforter ma résolution de quitter le métier que je fais, et ce par n’importe quel moyen. Je vais y revenir.
Commençons par le Canada. M’a-t-on bien accueilli ? Assez bien, je dois en convenir. Les gens sont accueillants et pendant un an, j’ai entendu régulièrement des « Bienvenue au Canada », « Bienvenue en Aacadie », « Bienvenue à Moncton ». Et toujours des « aimes-tu ça Moncton ? », aussi. Comme si les autochtones étaient inquiets de l’impression que leur ville pouvait me faire. Alors je réponds que oui, pour leur faire plaisir. Honnêtement, je ne peux leur répondre non, car ne serait pas exact. En vérité, mes sentiments sont mitigés.
Certes, la vie ici n’a pas le côté trépidant de Paris. Cependant, sur le plan culturel ils sont très actifs et notamment au niveau musical. Je vais vous donner un exemple qui vous prouvera que, malgré tout, je ne vis pas dans le trou du cul du monde. Le 28 septembre prochain, Sir Elton John, « Queer Mum », donnera un concert exceptionnel au Colisée de Moncton. D’autres artistes réputés suivront courant octobre : Alice Cooper, Lenny Kravitz… Cependant les films qui passent dans les deux complexes de cinémas sont à 99 % américains et le turn-over est tel qu’il faut se dépêcher car ils ne restent pas longtemps à l’affiche. Je viens d’en faire les frais en ayant trop tardé pour voir le 3e épisode de La Momie qui a déjà disparu des écrans locaux.
La qualité de vie est appréciable. Pour le prix d’un studio ou d’un deux-pièces à Paris, on peut avoir une grande maison avec un jardin. Les gens ne vivent pas les uns sur les autres. Il y a de l’espace pour circuler. On peut se nourrir sans se ruiner, et même se nourrir correctement, c’est-à-dire, sans courir le risque de devenir obèse. C’est une question d’éducation ou de culture alimentaire. Sur un plan général, Moncton n’est pas ravitaillé par les corbeaux et l’on peut y trouver (presque) tout ce qu’on veut.
La ville compte plusieurs parcs et terrains de golf, est environnée de nature, et la mer est à moins d’une demi-heure de voiture (à l’échelle du pays, c’est la porte à côté).
Au négatif, il faut du temps pour s’acclimater, et ce dans tous les sens du terme. J’ai beau avoir deux comptes bancaires et une Mastercard Platine, les organismes de crédit ont refusé, lors de mon arrivée, de me faire bénéficier de paiements échelonnés pour des achats nécessaires. Le motif : il faut pour cela un « historique de crédit » d’au moins six mois. La conséquence : avec l’hiver qui n’a pas tardé à surgir et le découragement qui s’ensuivit, j’ai laissé tomber et ma (trop) grande maison n’est meublée qu’à 20 % (voire moins). Tous les projets d’aménagement que j’avais imaginés sont tombés à l’eau, et l’eau a gelé pendant l’hiver…
De plus, je n’ai pas encore trouvé le temps de faire un tour en la ville de Québec, et si cela continue, je laisserai passer les cérémonies de son quatrième centenaire sans y avoir mis les pieds. Quelle pitié !
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