Va, va, Gaxuxa !
J'ai passé la journée d'hier à bosser et à me jeter d'un bout à l'autre de la ville. Trouvé une boutique spécialisée dans le cyclorando. Ils avaient même un Koga-Miyata en spécial. Miam-miam ! On les croquerait. J'ai donc acheté mes pneus là plutôt qu'en-ligne et j'ai sauté sur l'occasion pour ajouter une rallonge de tige de potence (truc introuvable en France, plus rare que la Wifi ou le beurre d'arachide), ce qui relève mon guidon sensiblement. La Gaxuxa est désormais moulée à ma forme comme l'était Rosie. Ça va rouler l'enfer.
Bosse, Ricky, bosse !
Si ça continue à bien aller, je terminerai mon boulot assez tôt pour consacrer une journée ou deux à jouer sur la Place avant de reprendre le bitume. J'ai hâte de voir ce que ça donne, comme réaction. Ici, les musicos passent le chapeau de table en table sur les terrasses après avoir joué. Impensable pour moi, qui suis hyper timide, contrairement à ma réputation. Alors on verra si je perds mon temps avec mon chapeau par terre. De plus, il semble qu'un seul morceau figure au répertoire local (Besame Mucho). J'ai bien entendu dix accordéonistes jouer cette pièce en boucle. Je me demande ce qu'un Woody Guthrie électrique au bottleneck causera comme effet. En tout cas, ma main gauche va beaucoup mieux. Je commence à croire que le très grand confort de roulement de la Gaxuxa y est pour quelque chose. Je ne pourrai peut-être plus jamais reprendre la grande rando sans une fourche télescopique ! Dès que ça rabote, je l'active et pom pom pom, les heurts sont absorbés comme par magie. J'ai tellement méprisé cette invention. J'ai été vieux con dès l'adolescence, moi. Heureusement que je rajeunis.
Une Place pour la Chinoise
En tout cas, pour ce qui est de la Petite Chinoise, je suis encore loin d'avoir réglé la question de la place qu'elle tiendra sur le vélo maintenant que la Biblimobile est partie sous d'autres cieux. Je croyais que ma grande valise plate (avec la tente et tout) serait assez… plate pour que je puisse fixer la gratte dessus, mais ce n'est pas le cas. J'ai ensuite pensé fixer la Chinoise au porte-bagage arrière, mais elle se retrouve écrasée par le grand sac. Si je lui trouvais un boîtier rigide, léger, pas cher… Genre presque gratis… Uhm… Quelques jours encore pour y réfléchir.
Les Derniers humains seront numériques
Les alarmes nucléaires ont retenti hier pendant de longues minutes. J'ai allumé la télé (oui !). On y voyait des jeux télévisés et des savons. Le son des sirènes couvrait les paroles des participants. Ça faisait un effet foudroyant et je me suis mis à pleurer comme un veau, s'il s'avère que les veaux pleurent vraiment comme on le dit, ce dont je doute fortement. Je me disais que toutes ces programmations automatiques continueront à tourner même après notre départ. Au moins les visiteurs croiront que nous étions tous très jolis.
— Pauline, pour trente-cinq mille euros, qui était la star du film Meutre à Vegas ?
— Keanu Reaves ?
Drrzzt.
— Non. Géraldine, droit de réplique.
— Christopher Reeves ?
Drrzzt.
— Je vous aime, Cynthia. Mais je dois rester au chevet de Kimberley.
— Oh… Hubert…
Usine à faéries
Par grappes de trois ou quatre, parfois plus, des scintillantes, des lumignonnes, des poussières de koh-i-Noor, partout, torticoli, c'est presque pire qu'Amsterdam, ça rappelle carrément Montréal ou même Chicoutimi. Effet d'entraînement ? Hasard ? Conjonction des programmes universitaires attirant un certain type de cliente au visage ouvert et à l'énergie primesautière ? Ce n'est pas une lubie, plusieurs témoins neutres me confirment, pas de sérénité possible céans. Montpellier est abreuvée par la Lez, et ça paraît. Si je sors pas d'ici bientôt, je risque d'y rester.© Éric McComber