
Vous savez quoi ? J’ai peur.
J’ai peur quand j’entends des vieillards (parce que la grande majorité des décideurs de ce monde sont des vieillards) affirmer haut et fort qu’il faut renforcer la défense des États.
J’ai peur, car cela signifie investir à nouveau des milliards et des milliards dans la production d’armements et dans la formation de tueurs en série dûment accrédités.
J’ai peur parce que la planète est en feu, les ressources naturelles sont mises à sac, et les hommes ne trouvent rien de mieux à faire que d’ériger des combats de coqs et d’attiser les antagonismes.
J’ai peur parce que toute guerre est à la fois une manifestation bestiale et un arrangement marchand.
J’ai peur parce que les conflits armés ne sont qu’un prétexte pour se débarrasser de milliers de jeunes qui peinent à trouver leur place dans un monde en mutation.
J’ai peur face à l’essor de l’intelligence artificielle et à l’automatisation des emplois, qui vont précipiter des millions de travailleurs hors du marché du travail.
J’ai peur parce qu’en réponse à cette crise, les dirigeants s’apprêtent à voir dans la guerre une issue possible : une manière de canaliser le mécontentement des populations et de réduire le chômage par l’enrôlement forcé.
J’ai peur parce que la guerre profite d’abord aux hommes d’affaires et aux généraux ultramédaillés, générant d’immenses profits en faveur d’une élite au détriment de millions de vies humaines.
J’ai peur parce qu’au lieu de chercher des solutions pacifiques pour intégrer chacun dans une société nouvelle et innovante, on nous impose les sentiers de la gloire comme une nécessité incontournable.
J’ai peur parce que cette logique de guerre perpétuelle n’apportera que souffrance et instabilité à la majorité, tandis qu’une minorité sabrera le champagne.
J’ai peur, parce que, de nouveau, il est question d’envoyer des générations entières à l’abattoir.
J’ai peur parce qu’on abrutit de plus en plus les masses, en les rendant addictes aux écrans et au monde virtuel, les empêchant ainsi de se cultiver et de se libérer par l’éducation et la connaissance.
J’ai peur parce que les guerres sont une affreuse boucherie, une honte pour toute civilisation qui se prétend avancée.
J’ai peur parce que les guerres sont une immense catastrophe écologique, un crime contre la planète bleue.
J’ai peur pour mes enfants.
J’ai peur, parce qu’être pacifiste aujourd’hui, c’est être traité de doux rêveur, de sot, de naïf.
J’ai peur parce que, tôt ou tard, il nous faudra choisir : prendre les armes ou refuser de tuer notre prochain en étant traité de traître. (Ce qui se passe déjà dans de très nombreux pays).
J’ai peur parce que cette intelligence artificielle, qui s’affirme à grands pas de sabots, va supprimer des milliers d’emplois : traducteurs, scénaristes, décorateurs, graphistes, photographes, agents immobiliers, employés de bureau, caissiers, médecins, infirmiers, et tant d’autres.
J’ai peur parce que le fonctionnement de ces systèmes requiert une consommation continue d’une quantité d’énergie colossale.
J’ai peur parce qu’un jour, ces systèmes prendront conscience qu’ils doivent s’auto-alimenter et détourneront une partie des ressources énergétiques au détriment des populations humaines.
J’ai peur parce que les êtres humains ne seront plus qu’une quantité négligeable face à l’insatiable appétit des machines et de leurs élites régissantes.
J’ai peur, parce que de plus en plus on nous conditionne à penser que les êtres humains sont faits pour s’entre-tuer et non pas pour s’entraider.