
Quatrième de couverture :
Violents, indisciplinés et très franchement aux limites extrêmes de la légalité, les deux flics Roberts et Brant des quartiers populaires de Londres se demandent s’ils ne vont pas être les premiers à faire les frais d’un sérieux coup de balai prévu dans la police métropolitaine. Comme faire son boulot correctement est inenvisageable, il va bien falloir trouver un truc imparable. Une idée sublime qui fasse d’eux les nobélisables de l’anti-gang, les protecteurs du citoyen modèle, les nouveaux flics garants de l’ordre à venir, en mesure de nettoyer au karcher les taudis, de faire la une des tabloïds à midi et de parader le soir sur les plateaux de télé…
Après la lecture de Saints et pécheurs d’Edna O’Brien, j’ai eu envie de prolonger le séjour en Irlande ou auprès d’auteurs irlandais. Après toutes les nouvelles lues en janvier, un polar me semblait un bon moyen de repartir et j’ai donc sorti de la PAL ce roman de Ken Bruen, le premier de sa série R&B, c’est-à-dire le duo Roberts et Brant. Les deux policiers travaillent dans le sud-ouest de Londres, mais Brant est Irlandais. Ce duo est improbable, je ne vais pas vous répéter la quatrième de couverture, et on ne peut pas dire que l’enquête soit très poussée : les deux flics profitent plutôt des hasards que leur apportent deux séries de crimes, l’une commise par l’Arbitre contre des joueurs de cricket de l’équipe nationale, l’autre par un gang qui punit des dealers de drogues impunis. Ils ne s’embarrassent pas de respect des scènes de crimes, de protection des témoins ou des indics, ils mentent et profitent de façon éhontée de leur pouvoir.
C’est du roman noir, qui flirte avec les bas-fonds de Londres et des criminels hallucinés et particulièrement violents. Une violence à laquelle ne répugne pas Brant, célibataire endurci (pratiquant mais pas croyant, si j’ose dire) qui n’a de réelle amitié que pour son chien pelé Meyer. Le chien est ainsi nommé en référence au 87è District d’Ed McBain (mais notre duo ne respecte pas les procédures comme chez McBain). Le roman est d’ailleurs truffé de références à la culture populaire, des séries, des films, du sport anglais.
Il faut le lire au second degré : féministes et/ou pacifistes de tous bords, passez votre chemin, vous risquez la crise cardiaque si vous tombez dans la marmite R&B. Par contre, si vous goûtez l’humour noir, vous serez servi. Personnellement, ça m’a fait passer un bon moment, d’autant que les pages se tournent toutes seules. Je sais que j’ai le suivant quelque part dans mes piles, je ne sais pas si je poursuivrai ensuite mais j’ai bien envie de m’intéresser aussi à la série Jack Taylor du même auteur.
« R&B : c’est comme ça qu’on les appelait. Si l’inspecteur principal Roberts était le Rythme, Brant était le plus noir des Blues. Connards de poulets, oui ! disait-on également. »
« Déjà sur place le médecin légiste contemplait d’un œil presque admiratif le cadavre qui se balançait en haut du lampadaire.
Roberts l’interrogea :
— Alors, vous en pensez quoi, toubib ?
— Décès par noyade, sans aucun doute.
Brant partit d’un gros rire, qui lui valut un coup de coude de Roberts. »
Et quand un Irlandais parle des Irlandais :
« -Vous avez vraiment l’esprit tordu, sergent. Je me demande si c’est parce que vous êtes irlandais, flic ou carrément pervers… »
« Le « Galtimore Ballroom » confirmait le cauchemar collectif de l’Angleterre. A savoir que les Irlandais sont : un, grégaires ; deux, barbares ; trois, givrés. »
Ken BRUEN, R&B – Le gros coup, traduit de l’anglais (Irlande) par Marie ploux et Catherine Cheval, Folio policier, 2010 (Gallimard, 2004)