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Des Tanka de Yosano Akiko

Par Etcetera
Tanka Yosano AkikoCouverture aux Belles Lettres

« Cheveux emmêlés » est un célèbre recueil poétique japonais du début du 20e siècle.

En 1901, Yosano Akiko (1878-1942) a vingt-trois ans et elle fait paraître ce recueil de tanka sur le thème de la passion amoureuse, dans un style plein de fougue et de lyrisme, qui est alors très nouveau dans la littérature japonaise.
Yosano Akiko a en effet rencontré l’année précédente Yosano Tekkan, un poète, qui est devenu son amant et qui sera bientôt son mari.
Comme nous l’explique la postface, ce recueil est marqué par une symbolique des couleurs très forte. Si le blanc signifie la pureté ou la froideur, le rose, le mauve, le pourpre et le violet révèlent différentes nuances du sentiment amoureux ; la couleur violette représente l’amour le plus absolu, le plus complet.
Certaines références aux spiritualités bouddhiste ou chrétienne (les Sutras, la Voie, la Bible, les moines,…) peuvent parfois apparaître, mais il semble que cela soit pour mettre des distances avec elles et affirmer, par contraste, la chaleur de l’amour passionnel.
Dans ce recueil, le sentiment amoureux se montre tantôt joyeux et enthousiaste, tantôt inquiet et mélancolique. Le désir, la jalousie, l’éloignement des amants, l’écriture poétique qui les relie, les petites déceptions ou les tendres regrets jalonnent cet ensemble poétique.

Note Pratique sur le livre

Editeur : Les Belles Lettres
Année de publication : (initiale, au Japon) 1901 ; (dans cette traduction) 2010
Genre : Poésie
Traduit du japonais par Claire Dodane
Nombre de pages : 190

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Choix d’une dizaine de Poèmes

Si pour l’éprouver,
Vous tentiez de toucher à
Des lèvres jeunes,
Vous verriez combien est froide
La rosée des lotus blancs !

*

(page 22)

Toi qui n’as jamais
Touché une peau douce
Où coule un sang chaud,
Ne te sens-tu pas triste
Et seul, à prêcher la Voie ?

*

(Page 44)

« Dans ma solitude
Cent vingt lieues sans réfléchir
J’ai fait pour venir »
Si lui m’arrivait ainsi,
Combien heureuse je serais !

*

(page 52)

Chemin de campagne
Où fleurissent écarlates
Des fleurs inconnues
Surtout ne vous pressez pas,
Promeneur au parapluie !

*

Page 79

De la chambre d’à côté
Jusqu’à moi de temps en temps
S’échappait ton souffle
La même nuit je fis le rêve
De brassées de pruniers blancs

*

Page 101

Ni mot ni poème
À qui je désire confier
Mes pensées profondes
En ce jour en cet instant,
Seul de mon cœur à ton cœur

*

(Page 110)

Instable nuage
Qui laisse flotter sa traîne
Dans les tons de mauve
Ici le rêve d’une pivoine
Dans le calme de midi

*

(page 114)

Il m’a invitée
Mais dans son adieu ma main
Il laisse glisser
Suave dans l’obscurité
L’odeur de son vêtement

*

(page 140)

Ignorant la Voie
Insouciants de l’avenir
Méprisant la gloire,
Seuls ici s’aimant d’amour
Toi et moi nos deux regards

*

(page 147)

Mon amant malade
J’enroule mon bras fragile
Autour de sa nuque
J’ai tant envie d’embrasser
Chaude sa bouche fiévreuse

*

Page 148

En cadeau de lui
Seules ces herbes sans nom
D’un violet trop pâle
Pour un lien trop pâle aussi
Je mourrai dans ce sanglot 

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