
@à la une
Je suis un vieux con!
T’as beau te fendre d’une ligne Akra tu ne pourras jamais reproduire le son d’un Bosendofer impérial
Pas si facile! C’est du boulot, il m’a fallu plusieurs années de jeuneconisme pour avoir le diplôme. J’ai commencé par bricoler du pot. De détente sur le Testi et mégaphone sur la quatre pots. Détente, tu parles! Ce n’était pas l’avis des voisins bien énervés par mon engin
Après des années à faire chier le monde, le jeune casse-couille continue sa carrière en devenant le vieux qui râle contre les nuisances sonores.
J’ai des circonstances éternuantes M’sieur le juge quand j’ai commencé à sévir le disque de Hailwood sur la Honda 6 au TT se vendait et pas sous le manteau
Disque, Hailwood, Tourist Trophy t’as compris que je te parles d’un temps… où la culture moto et rock’roll passait par les oreilles.
Le Bosendofer impérial ci-dessus c’est un piano, capsule temporelle pour te signifier que j’ai changé mon standard de connerie. De la nuisance sonore à l’intolérance aigrie. Ainsi que tous les émotifs qui passent d’un excès à l’autre. Dans la translation ordinaire de la circulation et sa densité moderne je me traîne la bite sur un T 120 pas plus bruyant qu’une bagnole. J’exècre désormais tous ces merdeux qui me casse les oreilles quand je prends l’apéro chez un pote sur sa terrasse en Vallée de Chevreuse avec la gélinotte célibataire en fond sonore, quand j’écoute le cri de la marmotte dans le sinueux entre le Pont de Montvert et Saint Germain de Calberte ou attablé devant un café sur la montée vers Ascain attentif à ce que le vent me raconte dans les rémiges du Gypaète barbu.
— Alors j’ouvre la capsule temporelle et je vois ce jeune imbécile prenant livraison de sa première meule chez Bosque barrière de Pessac prés de Bordeaux. Une DS7 250 Yam 000. Km. Aigreur de vieux con ou juste prise de conscience que la moto en 72 était rare sur les routes et par conséquent supportable en terme de décibels. Comme Hailwood sur l’île de Man dérangeait des troupeaux de moutons, nous et mes potes on mettait du gaz entre La Tresne et Quinsac sur le coteau des bords de Garonne où il n’y avait que des vignes. J’entendais la YAS 3 de mon pote attaquer la montée vers Cénac, je savais s’il avait soudé comme un porc à fond de cinq entre Camblanes et Ménac ou quel prétexte il allait invoquer pour s’être traîné comme un loque après la grimpette de Saint Caprais et comment il avait négocié les esses autour du pré à Jules. Pas besoin de chrono, avec le bruit de nos meules qui s’entendait dans tout l’Entre-Deux-Mers et le Fronsadais on ne pouvait pas enfumer les potes sur nos performances. Quand le mécano m’a livré la deux et demi un samedi de novembre il m’a proposé un RV deux semaines plus tard pour la révision des 500 bornes. Le lundi j’étais devant son bouclard. Comme je ne voulais pas inscrire 501 km de peur de casser le moteur j’avais poussé la moto sur le dernier km pour respecter la barrière sacro sainte de la première révision. Bien sûr, il eut fallut porter la moto pour ne pas inscrire le chiffre fatidique sur le trip mais j’étais un peu con j’te rappelle. Bref! J’avais 16 ans et c’était l’aventure. En quittant la 113 après Agen vers Beauville j’imaginais que j’allais rencontrer des loups. J’ai connu la pluie, les gravillons, la panne, la solidarité, la chute dés la première sortie. En 72 au fin fond du Lot & Garonne un ado boutonneux sur cette magnifique machine suscitait la curiosité. Ainsi, quand j’ai sonné à cette porte en rase campagne prés de Marmande le mec m’a prêté son garage, ses outils, son lavabo… sa femme nan j’déconne mais c’est elle qui m’a dit « — Démonte tes bougies et pousse en seconde contact coupé, elle fait une overdose d’essence ta meule » j’ai appris beaucoup sur ce premier ride. J’étais toujours puceau mais je savais que, quand un 95 C te causes, tu l’écoutes.
De retour du Mans 2024 j’étais porté par la ferveur du public dans la bonne ville du Mans. Le moindre rond point, chaque feu rouge, les squares étaient envahis par un public qui prenait chaque motard pour un pilote de grand prix. Durant le trajet jusqu’au péage de Saint Arnould chaque ponts enjambant l’autoroute était l’occasion d’un salut de gamins à vélo ou de senior de retour de promenade ou des champignons. Des vocations sont nées ce jour là sans doute. Les enfants regardent. Combien deviendront des lecteurs de M.J? Des pilotes de GP ou des tétraplégiques? Nous sommes des prescripteurs ou des exemples pour des futures générations.
— Je me souviens d’un gamin sur la banquette arrière de la Panhard familiale le menton posée sur la plage arrière quand ce motard a déboité dans un fracas de fin du monde plein angle avec sa 750 et disparu sur le boulevard en vitesse lumière. La guibole flageolante j’ai mouillé mes couches me promettant que … moi aussi. Qq années plus tard j’ai racheté d’occase la 4 pots de mon ami Yves. Par les tromblons d’échappement je pouvais voir les têtes de pistons. Sans chicanes les pots étaient vidés comme Rocco Siffredi aprés un tournage. Bruyante la mémère, la tessiture de Pavarotti dans les graves. En revenant de Nîmes les perdreaux m’ont entendu venir qq kilomètres avant Bordeaux. Un gendarme képi/sifflet/moustaches s’est avancé sur la trajectoire juste avant les esses de Virelade. J’ai revu l’autre plein angle déboîtant la Panhard disparaissant comme le Millénium Falcon. Mon premier délit de fuite avec la jambe droite tendue et le pied masquant la plaque. Beau geste technique, j’ai tombé un rapport façon Edouard Bracame, les argousins aussitôt masqués par le pif-paf et me suis arraché dans le vacarme des orgues de Staline. Cascade exécutée par un professionnel, ne pas reproduire chez vous. Très mauvais exemple disais-je, d’un jeune con de 18 ans qui trouva son origine dans l’esprit immature du gamin de 12 ans dans une Panhard place Ravezie
— Bel esprit motard de retour du Mans. Assez peu de rupteurs aux feux rouge, qq burns dans les limite du show raisonnable compte tenu du contexte et de l’inter-file poli jusqu’à Paris. Mais il suffit d’un qui confond droit et tolérance sur le périphérique. Grand coup de gaz bien bruyant pour signaler sa présence et regard méchant en passant à coté de l’automobiliste qui ne s’est pas écarté assez vite.
C’est pas facile d’être un vieux con!