
Pour autant, quel bonheur de voir « nos » exploits officialisés. Dés la première bande dessinée j’ai vu ma (nos?!) vie.s défiler. Comme le distrait du saut à l’élastique trop long qui révise la sienne une dernière fois mais sans la pizza à l’arrivée, j’ai vu mon passé mis en image.
Il y eu la période pré-Ed la poignée comme il y eu la période pré-Raphaëllienne. Celle qui fit dire à Léo de Vinci: « çui-là j’peux pas le voir en peinture! ». J’ignore si l’inventeur du pot d’échappement — placement produit — se tira la bourre avec Raphaël comme il le fit avec Mickey l’Ange autour du pâté de maison mais cette BD contient la vertu fédératrice d’unir une communauté de fondus de grand prix des feux rouge avec un recul et un humour que n’avions peut-être pas.
Mon « Le premier qui freine est un lâche » s’est passé dans les années 70 et le virage de Beautiran (33). A deux de front en limande avec mon pote Michel sur sa Suz Roca et mézigue défendant les couleurs de Saarinen sur la Yam 2 et demi. On aborde à fond de cinq un virolo donné pour 30 avec beaucoup de talent et des Koni réglés sur « bout de bois ». La signalétique nous clignote ce rappel panneau cercle rouge/fond blanc: 30! 30 c’est pour les pinces, nous à 50, on en tombe trois et on est large. Je lui aurais bien jeté le regard de Rayney sur Swantz mais nous n'étions pas à l'entrée du stadium ni à Hockenheim ni en 91 « Tu freines, EnQlé! » a-t’il perçu l’injonction mentale? L’histoire a oublié qui est la tarlouze qui a fait les freins à l’autre mais on n’a pas froissé du poly et on est resté potes. Je ne suis vulgaire que dans le silence de mon cerveau. Des « tout droit » de trompe - la - mort il y en eu d’autres. Sur la route de Saint Caprais 33 par exemple. On visitait dans cette clinique de rééducation des copains « ça passait c’était bô! » plâtrés et suspendus par des poulies comme dans la B.D. Je devrais l’écrire Saint Ca/pré car j’ai finis dans un champ, le serre câble d’origine Mobylette m’ayant trahi au troisième freinage sur le chemin du retour. Micky, la gitane maïs entre les compteurs, m’avait suivi dans l’herbe croyant à une trajectoire de tricheur. Sacré Micky! Président des chevaliers de Plante-Bequille dont le siège social ressemblait au zinc du JBT. On enfilait nos gants sur un air de défi qu’on allait relever avec enthousiasme et perdre avec beaucoup de mauvaise foi. J’ai ouï dire qu’il se maquille au cambouis quelques part dans le sud et, des années après, je suis sûr que c’est lui qui déplaçait la bagnole servant de repère de freinage dans le bout droit juste avant le gauche à 360 ° en dévers du pont Saint Jean. Dans l’esprit JBT on a fait des courses de côte avec des pistons dans les poches qui nous ont convaincus de « pisser sur les twins poussifs et les cylindres à trous qui puent» et passer au quatre temps.
L’arrivée en boum du tome 2 (on dit « en soirée », désormais) sapé comme un cosmonaute, crado et transi, a beaucoup retardé ma relation avec le féminin sacré élément indispensable pour un autre sport de glisse. Question de grip!
Avant d’amener Popaul à la glissade, j’avais qq trajectoires prioritaires à élucider, des millièmes à gagner dans Caupenne, poser la roue AV à la limite de l’herbeux derrière le vibreur avant que le guidonnage ne me casse les poignets, attaquer la ligne droite de l’Aviation si la roue arrière veut bien reprendre l’alignement afin d’inscrire un nombre honorable à trois chiffres sur le tachymètre et déguster des travers de porc au freinage des esses de la Tour. J’ai vu Pons s’en mettre une à cet endroit. Question de grip disais-je
Dés que j’avais trois ronds je faisais le plein de la Yam. Beaucoup plus futée, la majorité des mâles pubères se payaient une entrée en boîte. Selon le réservoir que tu avais choisi de remplir ta destinée prenait une trajectoire différente. Si je cherchais le point de corde des virolos autour du Bassin (d’Arcachon) d’autres garaient la R5 sur le parking du Macumba.
Le retour sur investissement du puceau qui écoute les trilles d’une gélinotte dans la forêt derrière la dune du Pilat est moins pragmatique que celui des potes en bagnole.
— Tu veux apprendre à conduire, Ginette? Un wisky/Coca plus tard, Ginette se retrouvait sur la banquette de la R5 une de ses petites pattes arrières calée sur l’appui-tête du siège conducteur et la seconde sur le plafonnier clignotant de joie sous les coups de boutoir du grand Gégé en pleine initiation aux rudiments de la conduite.
C’est la poésie routière d’Édouard Bracame qui m’a inspiré pour ma dernière chance de péter une rondelle avant mes 18 ans. Sur le chuchotis du secret j’exprimais, d’un souffle chaud dans la nuque de ma première victime, comment je lisais la route. Avant un virage à l’aveugle je regarde le cheminement des fils électrique au dessus de la route entre les poteaux. Si ça se referme je touche le levier de frein, ou j’ouvre en grand et si ça passe c’est beau. Bon, je n’ai rien dit sur cette moissonneuse batteuse hérissée de trucs pointus en sortie de virage qui prenait tout le lit de la route pour l’entraîner dans le mien séduite par ce torride romantisme motard
Sur ma trajectoire de père irresponsable je me souviens avoir participé à la quête du deux roues de mon ainé pour succéder à son Booster. C’était un blouclard du côté de la place de la Victoire. J’attendais mon ainé en essais harcelé par ma conscience « T’es con, il a le permis depuis une semaine et tu le poses sur une RDLC !» Trop tard pour négocier, conscience, mon amie, le revoilà. Il tremble sur ces deux grandes cannes en reprenant contact avec la planète : « C’est elle! »
Une première fois ça ne s’oublie pas sur un gamin qui a lu les JBT de son daron
Comment je gère mon adrénaline quand je l’entends partir sur cet engin de mort sur la route de Pompignac (33 ;-) ) avec son pote Ben sur la CB 500?
— Je m’exonère de mes irresponsabilités d’adulte auto convaincu qu’un shoot de dopamine sans substances exogènes c’est pas pire que mal!
À la maison, la salade on ne la fume pas! Je l’assaisonne avec un petit vinaigre d’échalotes
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