Parce que j'ai peur que vous fassiez une overdose de Zanskar, un petit texte qui ne parle
pas de voyage puisque je l'avais écrit avant de partir....
Retour au Ladakh demain si vous en voulez encore ;-)
Allongée dans la roulotte, elle dort d’un sommeil calme et sans rêve. Sans peur. Elle ne craint rien puisqu’il l’aime. Il ne peut rien se passer de grave.
Il la regarde dormir, elle, la femme de sa vie. Sa tête appuyée sur son bras, les traits détendus de son visage, sa main négligemment abritée dans les froufrous de sa robe. Il l’aime tellement qu’il ne lui ferait jamais de mal, elle n’a rien à craindre.
Tout à l’heure, comme tous les soirs, ce sera elle la vedette du spectacle sur laquelle tous les yeux seront rivés. Le public la fixera, concentré et angoissé, le souffle retenu tant que tout ne sera pas fini. Avec le secret et malsain espoir qu’il lui arrive quelque chose, tels les anciens spectateurs qui venaient assister aux jeux du cirque. Elle sera l’héroïne que tout le monde regardera mais ce sera pourtant dans ses mains à lui que tout reposera. Rien ne peut lui arriver puisqu’il l’aime, il n’y aura pas de sang versé.
Alors il s’entraine, aujourd’hui comme tous les jours. Il répète inlassablement ce même geste devenu tellement automatique au fil du temps qu’il en est désormais aussi efficace et précis même lorsqu’il porte un bandeau sur les yeux. Celui qu’il remettra tout à l’heure pour le spectacle. Aveugle mais la main toujours sûre, elle n’a rien à craindre.
Le spectacle va commencer dans une heure, il range son matériel et rentre dans la roulotte pour la contempler une dernière fois avant de la réveiller. Elle est toujours dans la même position, mais elle parle doucement dans son sommeil. Sa main qu’elle a placée dans la profondeur des froufrous de sa jupe n’est plus immobile tandis qu’elle murmure doucement un prénom, celui d’un homme.
Celui d’un autre homme…
Allongée dans la roulotte, la femme du lanceur de couteaux dort d’un sommeil agité de rêves érotiques dans lesquels son mari ne tient plus le rôle principal.
Et ce soir comme tous les soirs elle va lui servir de cible vivante, lui confiant sa vie parce qu’elle croit savoir combien il l’aime.
Mais ce soir, tout a changé.
[ Exercice d'écriture sur photo pour papier libre]