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Dans un monde où tout semble contrôlé et numérisé, la falsification de documents paraît appartenir à une époque révolue. Pourtant, Factice, la nouvelle série de 13e Rue, disponible sur Universal+, prouve le contraire. À travers une intrigue où se mêlent tension, drame familial et critique sociale, la série suit Victoire, une femme ordinaire contrainte de renouer avec un passé qu'elle aurait préféré laisser derrière elle. Victoire mène une vie de mère de famille sans histoire, jonglant entre son travail de secrétaire médicale et son quotidien chargé.
Mais tout bascule quand son mari, Sofiane, ouvrier du BTP, est victime d'un accident qui le cloue au lit. Ce coup du sort révèle un gouffre financier insoupçonné : dettes accumulées, maison hypothéquée en secret... Victoire se retrouve dos au mur. Face à l'urgence, une solution s'impose : exploiter un talent caché et illégal. La contrefaçon, une activité qu'elle maîtrisait dans sa jeunesse, devient une échappatoire. Ce qui commence par une simple falsification de fiches de paie et de contrats de travail pour sauver sa famille prend rapidement une tournure plus dangereuse. Des criminels flairent son habileté et l'entraînent dans un engrenage qu'elle ne peut plus contrôler.
La série ne se contente pas de raconter une histoire, elle plonge dans l'art du faux avec une précision presque documentaire. Chaque épisode met en lumière une technique différente : du montage numérique sur Photoshop aux méthodes plus artisanales comme l'eau-forte. Ce souci du détail apporte une authenticité bienvenue et souligne l'évolution de Victoire, tiraillée entre nécessité et addiction à l'adrénaline. Ce réalisme s'appuie sur une inspiration bien réelle. Le scénariste Julien Messemackers s'est nourri du témoignage d'un véritable faussaire, un père de famille qui a trouvé dans cette activité un moyen de survie.
Ce choix d'ancrer la fiction dans un contexte crédible renforce l'impact de la série, d'autant que les problématiques soulevées sont actuelles : précarité, montée de l'intelligence artificielle dans le monde du travail, marché noir des faux documents en ligne...Le duo principal fonctionne bien. Caroline Anglade, dans le rôle de Victoire, incarne avec justesse cette femme en lutte contre un système qui l'écrase. Son évolution est marquante : au fil des épisodes, elle passe d'une simple mère de famille dépassée à une criminelle méthodique. Face à elle, Anne Consigny, en mafieuse manipulatrice, impose une présence glaçante qui donne du relief à l'intrigue.
Autour d'elles gravitent des personnages secondaires bien campés. Sofiane, le mari, est à la fois victime et source des ennuis de Victoire. Son absence forcée l'empêche d'agir, renforçant la solitude de l'héroïne. D'autres figures viennent compléter le tableau, comme des trafiquants qui oscillent entre menace et séduction, ou des policiers à l'affût, jamais loin de découvrir la vérité.Ce qui distingue Factice, c'est son mélange de genres. La série alterne entre thriller et comédie, jouant sur les contrastes entre le quotidien banal de Victoire et ses activités clandestines.
La réalisatrice Julie Rohart apporte une touche dynamique en s'autorisant quelques audaces visuelles, notamment dans l'utilisation des couleurs et des décors. Cette alternance entre gravité et légèreté évite à la série de sombrer dans un drame trop pesant. Certains moments frôlent même l'absurde, notamment lorsque Victoire doit composer avec des imprévus qui la mettent dans des situations inextricables. Cette tonalité donne à la série un rythme fluide et accessible.Avec seulement six épisodes, Factice ne s'égare pas en intrigues secondaires superflues. L'histoire reste focalisée sur son personnage principal et les dilemmes qu'elle affronte.
Cette concision permet de maintenir l'intérêt du spectateur jusqu'au bout, d'autant que le dernier épisode redistribue complètement les cartes. Bien sûr, la série n'a pas les moyens des grandes productions françaises, et cela se ressent parfois. Certains décors restent minimalistes, et l'ensemble ne cherche pas à en mettre plein la vue. Mais ce manque de budget est compensé par une écriture maligne et des personnages suffisamment bien construits pour capter l'attention.Le dernier épisode laisse entrevoir un avenir très différent pour Victoire. Son talent ne passe pas inaperçu, au point qu'une organisation gouvernementale lui propose un rôle inattendu.
Ce retournement de situation promet une saison 2 où l'héroïne devra une fois de plus jongler entre sa vie familiale et ses activités clandestines. En attendant une éventuelle confirmation de cette suite, Factice s'impose comme une série efficace, portée par une histoire prenante et des personnages solides. Une plongée dans l'univers du faux qui, malgré quelques invraisemblances, se regarde avec plaisir.
Note : 6.5/10. En bref, une série efficace, portée par une histoire prenante et des personnages solides.
Disponible sur Universal+