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Cinq nouvelles réalistes

Publié le 31 janvier 2025 par Adtraviata
Cinq nouvelles réalistes

Quatrième de couverture :

Une misérable rempailleuse se prive sa vie entière pour laisser un héritage au pharmacien qu’elle aime en secret ; un couple de bourgeois « achète » le fils d’une famille de paysans ; une famille attend le retour d’un oncle parti faire fortune en Amérique ; un couple de citadins se déchire autour d’un parapluie ; un autre vit dans la misère pendant dix ans pour rembourser une parure perdue…

J’ai récupéré ce livre dans les lectures scolaires de Miss Nièce, c’est une édition scolaire qui regroupe cinq nouvelles très connues de Maupassant, venant de divers recueils après avoir été publiées en feuilletons. Cela me donne l’occasion de lire vraiment un classique en ce mois de janvier (j’en ai déjà présenté deux mais je les ai lus en décembre) et de clôturer le mois de la nouvelle organisé par Je lis je blogue.

Je connais particulièrement La rempailleuse, que j’ai souvent lue avec mes élèves. La Parure est très connue aussi, un petit modèle de nouvelle à chute. J’ai découvert les trois autres : Aux champs, Mon oncle Jules et Le parapluie. Le fil conducteur de ces cinq textes, c’est l’argent : l’argent dont on manque, que l’on désire tant, qui permettrait de mener une vie décente, aisée, « normale » ou l’argent qu’on garde avec cupidité, l’argent, objet de beaucoup de soins et de désirs, de manoeuvres et de mensonges. Maupassant propose des textes de quelques pages, assez courts, où il brosse des portraits bien observés et sans complaisance de femmes (tiens, tiens, surtout des femmes…) et d’hommes insatisfaits de leur sort misérable et qui se laissent berner par de fausses promesses, d’autres dont l’appétit d’aisance est tel qu’il brouille leur jugement ou encore une pauvre rempailleuse marginale qui croit obtenir l’amour avec ses économies durement gagnées. Ces portraits, ces vies entières gâchées par le besoin d’argent sont assez sordides et finement rendues. On peut penser sans doute avec Maupassant que l’argent ne fait pas le bonheur, mais… qu’il y contribue fortement !

L’édition à rabats illustrés est évidemment accompagnée de pistes d’exploitation, d’une ligne du temps et de peintures et photos réalistes, à l’instar du courant littéraire auquel a appartenu (entre autres) Guy de Maupassant. En couverture, l’impressionnant Une vue de Paris par temps de pluie en 1877 de Gustave Caillebotte.

« Son père était rempailleur et sa mère rempailleuse. Elle n’a jamais eu de logis planté en terre. Toute petite, elle errait, haillonneuse, vermineuse, sordide. On s’arrêtait à l’entrée des villages, le long des fossés ; on dételait la voiture ; le cheval broutait ; le chien dormait, le museau sur ses pattes ; et la petite se roulait dans l’herbe pendant que le père et la mère rafistolaient, à l’ombre des ormes du chemin, tous les vieux sièges de la commune. On ne parlait guère dans cette demeure ambulante. Après les quelques mots nécessaires pour décider qui ferait le tour des maisons en poussant le cri bien connu : « Remmmpailleur de chaises ! » » (La Rempailleuse)

« Ma mère souffrait beaucoup de la gêne où nous vivions, et elle trouvait souvent des paroles aigres pour son mari, des reproches voilés et perfides. Le pauvre homme avait alors un geste qui me navrait. Il se passait la main ouverte sur le front, comme pour essuyer une sueur qui n’existait pas, et il ne répondait rien. » (Mon oncle Jules)

Guy de MAUPASSANT, Cinq nouvelles réalistes, Collection Classiques Patrimoine, Magnard, 2011


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