À vrai dire, on se serait volontiers contenté du polar moyennement ficelé qu’on était venu voir, avec un meurtre fortuit, une histoire de chantage et quelques rebondissements à la sauce film noir. Bourdieu, lui, fait le choix du contre-pied, et bascule soudain dans tout autre chose, une sorte de frénésie burlesque qui devrait être inquiétante mais ne suscite que des rires gênés. D’un Chabrol prise de tête, le ton du film passe à du mauvais Bonitzer, avec passages du coq à l’âne et attitudes franchement incongrues, mais sans la résonance psychanalytique que l’on peut toujours trouver chez l’auteur de Rien sur Robert. Bien que sans doute très travaillé, le scénario de Bourdieu semble basculer dans le symbolisme lourdaud et le n’importe quoi général, à l’image de la prestation d’Amira Casar dans un rôle indéfendable.
Le spectateur, lui, doit faire sensiblement la même moue que Podalydès, qui passe l’intégralité du film avec un air complètement blasé et indifférent à ce qui se produit à l’écran. Bourdieu voulait un film sur la folie, l’irruption de grains de sable dans une machine trop bien huilée : le résultat est un film hystérique et souvent insupportable, qui démontre en tout cas que la routine a ses avantages.
3/10