
Critique du spectacle de Nora Hamzawi, vu le 17 janvier 2025 à L’Olympia
Je ne sais même plus expliquer pourquoi j’ai réservé pour le spectacle de Nora Hamzawi. Je crois que c’est un concours de circonstances du genre : on regarde son précédent spectacle sur Netflix, on rigole bien, on se dit qu’on ne va pas voir assez d’humoriste sur scène, on se rend compte qu’elle passe à l’Olympia dans plus de six mois, on se chauffe, on réserve, et voilà. C’est à peu près tout ce que je connais de Nora Hamzawi : son nom, et ce spectacle. Ce que je ne savais pas, c’est que ça suffisait pour être le début d’une grande aventure !
Si on devait décrire le terrain de jeu de Nora Hamzawi, on pourrait dire que c’est elle. Pas question d’actualité, de société, de politique. Ce qu’elle raconte, c’est ce qui se passe chez elle, en elle, autour d’elle. Et tout l’art de l’humoriste, c’est d’arriver à le recoller à ce qui se passe chez nous, en nous, autour de nous. Je peux vous assurer que je me suis reconnue dans plus de 80% du spectacle. Je peux vous assurer aussi que Nora Hamzawi n’est jamais venue chez moi. Il n’y a donc qu’une explication possible. Le talent.
De ces 1h30 passées en compagnie de Nora Hamzawi, je retiendrai deux choses : elle est hyperactive, et elle est très à l’écoute. Ce sont des qualités bienvenues, sinon essentielles, chez les humoristes, qui leur permettent de passer leur environnement au peigne fin afin d’en tirer la substantifique moelle. Lorsqu’on prend sa propre personne comme sujet d’étude, c’est d’autant plus important de viser juste pour paraître universel. Et c’est ce qu’elle fait. Elle partage son regard incisif, lucide et plein d’autodérision de manière tellement chaleureuse, authentique et réjouissante qu’on a l’impression de se retrouver en grande conversation avec cette fille rencontrée en soirée qui semble devenue notre ami en très peu de temps.
Car ce qui est particulier, chez Nora Hamzawi, c’est quand elle mélange ces deux super-pouvoirs sur scène. Hyperactive et très à l’écoute, elle devient Nora HyperHamzawy et ça donne quelque chose d’assez étonnant. Ce à quoi je ne m’attendais pas du tout, et encore moins à l’Olympia, c’est le côté stand up qu’elle amène alors dans le spectacle. Sans qu’on ait rien vu venir, elle se met à partir complètement en impro. Parce qu’elle a entendu un bruit, parce que quelqu’un a crié quelque chose, parce qu’elle cherche d’où vient le reflet dans un coin de la salle. Elle joue avec toutes les situations qui s’offrent à elle, s’autorisant digression sur digression et retombant toujours sur ses pattes. On s’est d’abord demandé s’il y avait plein de complices dans la salle. Et on a finalement compris qu’elle était simplement brillante. Elle semble réellement s’intéresser à son public. Déformation professionnelle, probablement, mais pas seulement. C’est une artiste dans le partage, qui donne énormément, et qui compte aussi sur ce que lui rendra le public pour faire de son spectacle un moment unique. Et c’est ce qu’il est.
Netflix, c’est bien. Le vivant, c’est mieux.


