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Revoir Cimabue au Louvre

Publié le 28 janvier 2025 par Robert Lavigue @RobertLavigue

Pour la première fois, le musée du Louvre consacre une exposition à Cimabue, l’un des artistes les plus importants du 13e siècle. Elle est le fruit de deux actualités « cimabuesques » de grande importance pour le musée : la restauration de la Maestà et l’acquisition d’un panneau inédit de Cimabue redécouvert en France en 2019 et classé Trésor national, La Dérision du Christ.

Revoir Cimabue. Aux origines de la peinture italienneMusée du Louvre, jusqu'au 12 mai 2025

Revoir Cimabue Louvre

Cimabue, Maestà (Paris, Musée du Louvre)


 

Les deux tableaux, dont la restauration s’est achevée en 2024, constituent le point de départ de cette exposition qui, en réunissant une quarantaine d’œuvres, ambitionne de mettre en lumière l’extraordinaire richesse et la nouveauté incontestable de l’art de Cimabue. L’artiste fut l’un des premiers à ouvrir la voie du naturalisme dans la peinture occidentale, en cherchant à représenter le monde, les objets et les corps tels qu’ils existent. Avec lui, les conventions de représentation héritées de l’art oriental, si prisées jusqu’alors, cèdent la place à une peinture inventive, cherchant à suggérer un espace tridimensionnel, des corps en volumes et modelés par de subtils dégradés, des membres articulés, des gestes naturels et des émotions humaines.

Revoir Cimabue Louvre

Cimabue, La Dérision du Christ (Paris, Musée du Louvre)


 

Après une section introductive consacrée au contexte de la peinture en Toscane, en particulier à Pise au milieu du 13e siècle, le parcours s’attarde sur la Maestà du Louvre : les nouveautés qui se manifestent dans ce tableau ont conduit certains historiens de l’art à le qualifier d’« acte de naissance de la peinture occidentale ». La restauration a permis, en plus de retrouver la variété et la subtilité des coloris, de redécouvrir de nombreux détails masqués par des repeints qui mettent en évidence la fascination de Cimabue et de ses commanditaires pour l’Orient, à la fois byzantin et islamique.

Revoir Cimabue Louvre

Maître du Bigallo, La Vierge et L'Enfant entouré de deux anges, musée des BA, Nantes


 

Est ensuite abordée la question cruciale des rapports entre Duccio et Cimabue. Le parcours se poursuit avec une section construite autour du diptyque de Cimabue, dont le Louvre réunit pour la première fois les trois seuls panneaux connus à ce jour. La verve narrative et la liberté déployées par Cimabue dans cette oeuvre aux coloris chatoyants en font un précédent important et insoupçonné jusqu’alors de la Maestà de Duccio, chef-d’oeuvre de la peinture siennoise du Trecento.

Revoir Cimabue Louvre

Atelier de Duccio, Madone de Castelfiorentino, Museo di Santa Verdiana


 

L’exposition se conclut par la présentation du grand Saint François d’Assise recevant les stigmates de Giotto, destiné au même emplacement que la Maestà du Louvre, le tramezzo (la cloison qui sépare la nef du choeur) de San Francesco de Pise, et peint quelques années après par le jeune et talentueux disciple de Cimabue. À l’aube du 14e siècle, Duccio et Giotto, tous deux profondément marqués par l’art du grand Cimabue qui s’éteint en 1302, incarnent désormais les voies du renouveau de la peinture.

Revoir Cimabue Louvre

Giotto - Saint François d’Assise recevant les stigmates (Paris, Musée du Louvre)


 

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Peintre byzantin, Madone Kahn.National Gallery of Art, Washington


 

Revoir Cimabue Louvre

Giunta Pisano, Croix de San Ranierino. Pise, museo di San Matteo


 

Revoir Cimabue Louvre

Cimabue, La Flagellation du Christ (© The Frick Collection)

Revoir Cimabue. Aux origines de la peinture italienneMusée du Louvre, jusqu'au 12 mai 2025

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