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Alessia, la chronique posée

Par Juju-Gribouille @JujuGribouille

Alessia, chronique posée

Série : -
Titre : Alessia
Auteurs : Zidrou (scénario), David Merveille(dessins)
Éditeur : Delcourt
Collection : Mirages
Année : 2024
Pages : 96

Résumé de retrouvailles douces-amères :

Capri, un homme à tête de cactus débarque du bateau. Un taxi l'emmène chez une vieille amie. L'homme s'appelle Ricardo, la femme Marchesa. Ils vont évoquer ensemble le passé, l'avenir, sur quelques vers de L.C. Sterret et quelques verres de Proseco...

Le scénario par petites touches :

Ces retrouvailles au soleil de Capri poussent Ricardo et Marchesa à évoquer à demi-mots le passé, les regrets, mais aussi à parler de l'avenir, qui ne semble pas rose malgré l'exposition prochaine de Ricardo.
Leurs échanges sont ponctués d'intermèdes où Ricardo peint la mer et rencontre un jeune garçon qui a une approche beaucoup plus pragmatique de la vie.

Alessia, évoquée, reste l'éternelle absente que Ricardo cherche à retrouver. Une quête qui l'habite mais avec laquelle il a aussi pris une certaine distance. Ce qui lui permet d'avoir ses échanges avec Marchesa.
La richesse de cette BD repose sur cette ambiance remplie d'inconnu, de tristesse, des regrets qu'on ne dit pas. On saisit l'histoire par petits bouts au détour d'une conversation. Le passé est trouble et le futur incertain. Et à un moment, on réalise qu'on ne sait pas vraiment à quelle époque on est, jusqu'à l'apparition de date précise. Zidrou cumule ses petits moments sans qu'on ne s'en lasse jamais, il nous fait participer à cette mélancolie ambiante. Tout cela crée un charme envoûtant, renforcé encore par le dessin de David Merveille.

Le dessin clair et sans ambages :

Le graphisme met en scène des personnages semi-réalistes, contrastant avec Ricardo, de son nom Cactus, qui a effectivement une tête de cactus et un corps vert, semé d'épines. Ce contraste-là, visuel, est déjà étonnant. Mais cela ne change rien à sa relation avec les autres. On se demande tout doucement si ce choix n'est pas une manière de symboliser la psyché de Ricardo. Un personnage isolé, qui peut piquer un peu pour conserver sa solitude ?
L'encrage fin rappelle la ligne claire, mais les couleurs nous en éloignent. Aplats unifiés dans des teintes parfois plus impressionnistes que réalistes. Elles contribuent à créer cette ambiance mélancolique, de ses discussions de coucher de soleil où le rouge rose domine. Le jaune éclatant montre un soleil écrasant. Les teintes grises permettent de nous faire comprendre qu'on est dans le passé. Sans oublier le vert de Ricardo Cactus...
Les cases sans contour, aux délimitations nettes mais abruptes, semblent des photos posées dans un album. La planche est souvent découpée en trois bandes de une à plusieurs cases, quand des dessins pleine page n'occupent pas tout l'espace pour créer une grande pause.

Conclusion d'une BD atmosphérique :

Une BD jouant sur des atmosphères qui atteint son but, nous raconter autrement une situation jamais clairement dite. Le temps des retrouvailles qui n'en sont pas vraiment, des regrets. Un instant dans une vie, calé entre un avant et un après, rehaussé par des dessins aux belles ambiances colorées.

Zéda croise Ricardo.


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