«Le Monde» accuse le Quai d'Orsay de boycotter une de ses journalistes
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Les dirigeants du quotidien affirment que la correspondante diplomatique Natalie Nougayrède a notamment été expulsée d'une réunion sur décision du cabinet du ministère des Affaires étrangères.
LIBERATION.FR (AVEC SOURCE AFP)
LIBERATION.FR : mercredi 3 septembre 2008
Et pourtant «Bernard Kouchner a publié pas moins de dix points de vue dans la section «Débats» du Monde - record inégalé pour un membre du gouvernement de François Fillon». Mais selon le quotidien du soir dans son édition datée de jeudi, le cabinet du ministre des Affaires étrangères a «pris des mesures de boycottage» à l’encontre de sa correspondante diplomatique, Natalie Nougayrède. Interrogé, le ministère a fait savoir qu’il préparait une réponse à cet article.
Le président du directoire Eric Fottorino et le directeur de la rédaction Alain Frachon affirment que Natalie Nougayrède a été «expulsée sur décision du cabinet du ministère» d’une réunion organisée le 29 août par le Quai d’Orsay au centre international Kléber, où se tenait la conférence annuelle des ambassadeurs.
Selon Le Monde, cette interdiction fait suite à l’annulation au mois d’août d’une interview de Bernard Kouchner par Le Monde sur le conflit en Géorgie et en Afghanistan, après que le cabinet du ministre a «exigé que Natalie Nougayrède ne fasse pas partie de l’équipe de journalistes recueillant l’entretien - condition que Le Monde a refusée».
«Depuis deux mois environ, notre journaliste a cessé de recevoir les correspondances du Quai d’Orsay, dossiers de presse et invitations transmis selon les usages aux journalistes suivant les questions diplomatiques», dénoncent encore les responsables du quotidien.
«Ces mesures sont sans précédent dans l’histoire du journal», déplorent-ils, affirmant qu’il leur a été suggéré par des «interventions informelles» de changer de journaliste diplomatique. Fottorino et Frachon soulignent qu’en un an le quotidien n’a jamais reçu de la part du Quai d’Orsay de demande de droit de réponse ou de rectification.
Dans un communiqué distinct, la Société des rédacteurs du Monde (SRM), juge ces mesures «inadmissibles», estimant que le cabinet du ministre des Affaires étrangères porte ainsi «atteinte à la liberté d’informer».