« (…) l'expérience spirituelle est avant tout une expérience pratique d'amour. Et, dans l'amour, il n'existe pas de règles. Nous pouvons bien essayer de suivre des manuels, de contrôler notre cœur, d'avoir une stratégie de comportement, tout cela ne sert à rien. C'est le cœur qui décide et ce qu'il décide fait loi.
Nous avons tous eu l'occasion de nous en rendre compte par nous-mêmes. A un moment ou à un autre, il nous est arrivé de dire en pleurant : « je souffre pour un amour qui n'en vaut pas la peine. » Nous souffrons car nous croyons donner plus que nous ne recevons. Nous souffrons parce que notre amour n'est pas reconnu. Nous souffrons parce que nous n'arrivons pas à imposer nos règles. Mais nous souffrons sans raison, car dans l'amour est le germe de notre développement. Plus nous aimons, plus nous sommes proches de l'expérience spirituelle. Les vrais illuminés, ceux dont l'âme est embrasée par l'amour, triomphaient de tous les préjugés de l'époque. (…) Ils étaient joyeux, parce que celui qui aime a vaincu le monde, sans craindre de perdre quoi que ce soit. Le véritable amour est un acte de don total. »
L'auteur a voulu nous faire ressentir ce don à travers ses deux personnages : Un homme et une femme comme vous et moi. Elle, dans le chemin d'une vie conventionnelle : études, travail, mari, enfants, ébranlée par l'amour de son ami d'enfance engagé dans une vie monastique.
Après avoir lutté contre l'évidence de ses sentiments, Pilar va s'abandonner à ce compagnon dans le don total de sa vie imaginée. Lui, doté de don spirituel, va être prêt à reprendre une vie « normale » pour pouvoir vivre son amour.
L'histoire de base est belle mais je me suis senti beaucoup moins emportée au fil des pages que dans le Zahir.
J'ai trop senti Pilar attirée dans le domaine spirituel parce que son compagnon y était et non de manière naturelle. Elle ne semble pas vivre indépendamment de lui mais à travers lui.
Heureusement arrive le dernier chapitre, puis l'épilogue. Je n'en dirais pas plus.
Petit extrait très beau qui fait rêver et donne envie d'entendre ces mots dans la bouche de son bien-aimé : « je resterais assis à côté de toi tant que tu seras devant cette rivière. Et si tu vas dormir, je dormirai devant ta porte. Et si tu t'en vas loin, je suivrai tes pas. Jusqu'à ce que tu me dises : vas-t-en ! Alors je m'en irai. Mais je ne pourrais cesser de t'aimer jusqu'à la fin de mes jours. »
Nathalie Château-Artaud