La Sino mania continue de faire des ravages parmi les candidats de gauche aux différentes élections présidentielles de ce bas monde. Le voyage de Ségolène Royal en Chine, peu avant notre scrutin hexagonal avait marqué le début du retournement médiatique de l'opinion vis à vis de l'excitée du Poitou, jusqu'alors favorite des sondages. Elle avait alors multiplié les gaffes, notamment en encensant le système judiciaire chinois, "remarquable par sa rapidité".
Visiblement, Barack Obama n'a pas étudié la campagne électorale française, sans quoi se serait-il abstenu de la manifestation de sinophilie que voici, dans le plus pur style ségolien :
Dans cette courte vidéo, Barack Obama déclare sur un ton enflammé, je cite, que "tout le monde voit ce qui est en train de se passer aux JO de Pékin ? Pensez aux montants que les chinois ont investi dans leur infrastructure ! Leurs ports, leur système ferroviaire, leurs aéroports sont tous largement supérieurs aux nôtres maintenant."
Allons donc. Dirk "the Noorman", blogueur conservateur, a compilé les données disponibles sur les infrastructures des deux pays...
Sans commentaire. Passons sur la bêtise, l'énormité - oserai-je dire : la gravitude - du propos venant d'un sénateur candidat à la maison blanche. Mais puisqu' Obama admire l'effort des chinois en vue des JO, voyons un peu dans quelles conditions cet effort a été accompli, selon "the economist":
In all this activity it greatly helps to have a secretive planning bureaucracy and a government that brooks little dissent. In Britain it took as long to conduct a public inquiry into the proposed construction of Heathrow’s Terminal Five as it took to build Beijing’s new airport terminal from scratch.
There was no consultation with the public on the terminal. Nor was there any public debate about the construction of Beijing’s third runway, notwithstanding the noise pollution already suffered by thousands of nearby residents.
For Beijing’s airport expansion, 15 villages were flattened and 10,000 residents resettled. They were barred from unemployment benefits and other welfare privileges though their farmland had been grabbed. Officials threatened them with violence if they refused to leave.
(...)
Chinese official Xu Li said, Once a plan is made, it is executed. “Democracy”, she says, “sacrifices efficiency.”
"Democracy sacrifices efficiency"... C'est sûr, M. Obama, rien de tel qu'une bonne dictature pour tartiner des kilomètres d'infrastructures. En Europe, on sait cela depuis un certain Hitler, grand constructeur d'autoroutes, promoteur infatigable du transport ferroviaire de masse, et qui avait beaucoup investi pour ses Jeux Olympiques, lui aussi.
Encore une anecdote sur ces chinois privés de leur maison à cause des jeux, cette fois ci citée par Guy Sorman:
Sur un milliard de Chinois et plus , seulement soixante-dix sept ont déposé une demande écrite pour manifester dans l'enclos réservé pendant la durée des JO à Pékin , pour les protestataires. Ces demandes ont été rejetées par le Parti comme étant non légitimes. Deux pétitionnaires , âgées de 77 et 79 ans qui souhaitaient protester contre la confiscation de leur logement, ont été condamnées à un an de "rééducation par le travail". (source)
Mais bon, tout de même, quelles infrastructures !
Dans la vidéo ci dessus, la dernière phrase de Barack Obama est : "Pourquoi est-ce que nous ne faisons pas la même chose ?". Allez, Mr. McCain, expliquez-lui.
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