Le gouvernement de sa majesté est en train d'expérimenter, à son corps défendant, les effets dévastateurs d'une augmentation de la pression fiscale particulièrement mal venue.
Le cabinet de Gordon Brown, en mal de recettes fiscales au vu d'une conjoncture difficile, a décidé, suivant en cela les recommandations de ses experts, d'augmenter considérablement les taxes sur les immeubles commerciaux vides. Histoire de faire bonne mesure, la loi est entrée un vigueur un premier avril. Mais visiblement, les propriétaires concernés n'ont pas, mais alors pas du tout apprécié la plaisanterie.
Résultat : une frénésie de démolitions semble s'être emparée des centres urbains chez nos voisins d'outre Manche. Tant la presse conservatrice que celle de gauche rapporte le véritable gâchis que, en moins d'un semestre, cette loi fiscale est en train de provoquer.
Selon un spécialiste de la réhabilitation urbaine, cité par The Guardian,
"(...) owners are demolishing empty buildings to avoid paying the tax introduced in the most recent budget, leaving parts of the country "resembling bomb sites". Regeneration projects had been rendered unworkable, threatening jobs and new homes, he said. Some developers are simply leaving sites unfinished rather than risk liability for the tax.
"There is a lot of pre-emptive demolition going on. This is already having a visual impact - cities are beginning to look like broken teeth."
L'impôt, qui devait rapporter 1 G£, devrait en fait avoir un rendement proche de zéro, et sans doute négatif à l'avenir. Car les démolitions sauvages, sans évacuation des déchets, rendent plus coûteuse la réhabilitation ultérieure des sites ainsi saccagés, dont beaucoup auraient pu être rénovés.
Selon un autre professionnel du secteur, cité par The Independant,
Mr Coull said: "I feel very strongly about it. It is an unfair tax. It penalises regeneration opportunities and it is then that buildings will get demolished more quickly and we are seeing signs of that already."
Dans un contexte économique difficile, où nombre de promoteurs perdent de l'argent faute d'acheteurs, nombreux sont ceux qui ne veulent pas subir une charge fiscale supplémentaire pouvant aller jusqu'à plusieurs millions de livres (1£ # 1,5€). Non seulement ils préfèrent détruire des bâtiments rénovables, mais ils préfèrent laisser en plan des programmes au 3/4 achevés s'ils craignent de devoir attendre pour trouver un locataire. L'assiette immobilière taxable du gouvernement britannique va donc se réduire dans d'importantes proportions, et les entreprises souffriront plus encore de la pénurie immobilière dès que la croissance sera de retour. Rarement décision fiscale n'aura produit de tels effets pervers si rapidement !
De nombreux acteurs de l'immobilier avaient prévenu le gouvernement des risques associés à cette taxe, et le pressent maintenant de renoncer à cette taxe éminemment contreproductive. Que croyez vous que le gouvernement réponde ? Il défend sa taxe, se contentant d'affirmer qu'il en évaluera les impacts après plusieurs années, comme pour toute autre taxe.
Ne rions pas de l'imbécillité des travaillistes britanniques. Nos socialistes, qu'ils soient de droite ou dans l'opposition, ont des idées tout aussi peu inspirées en matière de politique économique immobilière, dont les effets pervers seraient tout aussi redoutables.
--