C’était dans une interview de mars 2003, la revue durable en était à son quatrième numéro. Pourquoi je vous déniche cela ? Eh bien d’abord parce qu’effectivement en inspectant le grenier, je suis tombé sur cette “archive” et que j’ai toujours apprécié la pensée de Jean-Pierre Dupuy. Il est notamment connu pour son calcul sur la voiture du Français: si l’on tient compte du temps qu’on passe à travailler pour se la payer, il fait du 7km/h… autant y aller en vélo. Il est aussi l’auteur de “Pour un catastrophisme éclairé”.
Mais l’avantage de l’interview, c’est qu’elle résume en quelques pages une réflexion puissante sur l’écologie, l’éthique et la métaphysique. Dis comme cela, bien entendu, cela paraît abscons. Que viendrait faire la métaphysique dans le développement durable ?
Car la catastrophe est justement ce qui est “imprévisible” et qu’il n’y a pas de retour possible. Dupuy parle de principe éthique du non-regret. En prenant l’image d’un conducteur légèrement emmêché, légèrement pressé qui a une chance sur un million d’écraser un enfant à cette heure tardive (etc.) on voit que la catastrophe se produit, les probabilités ne sont d’aucun secours. D’où une réflexion sur le principe de précaution.
Enfin, pour en revenir au titre de ce post, je crois aussi que le mot développement durable (mais aussi le concept car cette idée de développement reste… à développer !) empêche de penser au lieu de repenser globalement notre modèle. En lisant l’article j’ai réalisé avec regret que l’écologie était devenue un principe éthique (respect de l’environnement, des générations futures). L’écologie distribue les bons points (certificats carbone), punit (pastilles, eco-taxes) et il est à craindre qu’elle se substitue à l’éthique.
Le catastrophisme éclairé nous permet au contraire d’aborder le problème de l’éthique… pour ensuite adopter des actions écologiques.