Sur la Politique (trois)

Publié le 03 septembre 2008 par Saucrates


Réflexion dix-neuf (6 mai 2007)
La place de la morale en politique

Ce n'est que maintenant, en ce dimanche 6 mai 2007, alors que la campagne présidentielle est terminée et que je connais de manière presque certaine le vainqueur de cette élection, à quelques minutes de la proclamation officielle des résultats de cette élection présidentielle, que j'ai enfin envie de m'exprimer sur cette élection. Ou plutôt sur quelques éléments qui sont apparus au cours de ce débat.
Aucun de ces deux candidats n'avaient véritablement ma préférence. Je leur aurais à chacun préféré leur adversaire intime, Jospin pour Royal, et Villepin pour Sarkozy ... Et bien sûr, entre les deux, je préférais notablement Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy.
1. Le jugement moral en politique
Ceci étant dit, il me semble indispensable de revenir sur la place de la Morale en politique, en me référant tout particulièrement à cette altercation qui a opposé Royal et Sarkozy lors du débat télévisuel du second tour. J'étais jusqu'à présent un fervent défenseur de cette place de la morale et du jugement moral en politique. Je ne voyais pas comment pouvait-on notamment appeler des personnes à voter pour un programme et un candidat dont les plus grandes lignes sont opposées à l'intérêt de ces mêmes électeurs ?... je pensais notamment en écrivant cela aux électeurs appartenant aux classes laborieuses qui votait pour un candidat de droite.
Je pensais la morale inséparable de la politique, tout en ayant l'impression que les hommes politiques ne l'appliquaient jamais. Lorsque Ségolène Royal s'est attaquée à Nicolas Sarkozy sur le droit opposable des parents d'enfants handicapés, les mots qu'elle utilisa ne me parûrent pas excessifs. Sa colère me sembla valable. Avec le recul évidemment des commentaires qui suivirent, ces mots, cette expression d'immoralité, furent peut-être excessifs.
Aujourd'hui, avec ce recul lié à l'intrusion d'un jugement moral au cours d'un débat télévisué, je peux mieux appréhender les risques de cette intrusion et je comprends désormais les raisons pour lesquelles Morale et Politique ne doivent pas se mélanger.
La morale est un jugement normatif sur ce qui est bien et mal. Traiter une personne d'immorale, ou traiter ses actions ou ses paroles d'immorales, c'est lui retirer une partie de son humanité, lui retirer son statut d'humain. La Morale ne doit pas être agitée en matière de politique, au sein d'une démocratie, entre des partis démocratiques qui peuvent être amenés demain à devoir discuter ensemble. Fonctionner sur la base de jugements moraux est dangereux parce que cela implique nécessairement une intransigeance, une intolérance pour tout ce qui ne respecte pas nos normes.
2. La valeur travail
Nicolas Sarkozy élu largement Président de la République française, il ne faudra pas oublier qu'il aura été élu sur un programme politique mettant largement en avant la valeur travail, allant jusqu'à questionner la présence d'un jour férié chômé tel le premier mai. En effet, en mettant en exergue ces français qui travaillent même les jours fériés (pour assurer notre sécurité), pour mieux mettre en avant son slogan de campagne sur la valeur travail, ne vise-t-il pas tous ses compatriotes qui aspirent à se reposer ces mêmes jours fériés ? Doit-on craindre de voir disparaître de nouveaux jours fériés de notre calendrier, doit-on craindre la multiplication des jours fériés travaillés, un peu à l'image de tous les personnels des magasins qui travaillent déjà les jours fériés ? Dans combien de temps une majorité de droite fera-t-elle disparaître les deux lois Aubry sur les trente-cinq heures ? Avant ou après les prochaines législatives ? Travailler plus pour gagner plus ? Une arnaque ?