J’aurais probablement dû me méfier un peu plus en voyant que pour ce roman chaque avis de 5 étoiles générait étonnamment d’office plus de 300 « likes » sur Babelio, surtout que j’avais déjà lu « Plus on est de fous… » de l’autrice, sans être véritablement conquis. J’ai néanmoins trouvé celui un brin plus intéressant… mais certainement pas au point de pouvoir justifier un tel enthousiasme.
Je me suis donc retrouvé propulsé en 1961, à Huntsville, où se situe le centre spatial de la NASA, mais également là où Dina Miller mène dorénavant sa double vie. Cette jeune femme qui vient d’emménager dans le quartier huppé de Rocket District, là où vivent les familles des scientifiques, s’avère en effet être un redoutable agent secret du Mossad. Sa mission : identifier et capturer Otto van Maiden, alias «Le bourreau de Buchenwald», un médecin nazi ayant pratiqué des terribles expériences médicales sur les prisonniers des camps de concentration.
Commençons par ce qui m’a plu dans ce roman. Il y a tout d’abord le contexte des années 60 et ces femmes de scientifiques qui semblent sorties tout droit d’un épisode des « Desperate Housewives ». J’aime beaucoup cette ambiance « Mad Men » qui nous plonge à l’époque de la guerre froide et de la conquête spatiale. J’ai ensuite apprécié le tempérament rebelle de cette héroïne féministe qui défend la cause des femmes condamnés au foyer dans cet environnement machiste et qui défend également celle des Noirs qui étaient toujours victimes de ségrégation à l’époque en Alabama.
Puis, le point de départ de ce roman d’espionnage n’est vraiment pas mauvais à la base. L’idée d’intégrer des faits historiques allant de la rafle du Vél’d’Hiv à la ségrégation raciale, en passant par la guerre froide, la conquête spatiale, les camps de concentration et l’opération Paperclip, visant à exfiltrer des scientifiques nazis afin qu’ils ne tombent pas aux mains de l’ennemi soviétique, avait tout pour séduire. Dans un style malheureusement un peu trop léger par rapport aux ambitions initiales du roman, Zoé Brisby ne fait que survoler ces événements sans les approfondir, donnant plutôt l’impression de lire un ouvrage intitulé « L’Histoire Pour Les Nuls »… ce qui n’est pas l’élément qui m’a le plus dérangé car mon niveau de connaissance de l’Histoire ne se situe probablement pas beaucoup plus haut.
Ce qui m’a le moins plu dans ce roman, c’est cette mission d’exfiltration totalement invraisemblable, voire ridicule, qui ressemble finalement plus à un épisode de Scooby-Doo qu’à un plan méticuleux du Mossad. Du coup, le cœur de l’intrigue ne tient pas du tout la route et le reste du château de cartes s’écroule malheureusement avec. Au final, j’avoue ça se lit vite, c’est assez divertissant, mais cela manque cruellement de profondeur et de finesse.
La double vie de Dina Miller, Zoe Brisby, Albin Michel, 272 p., 19,90€
Elles/ils en parlent également : Archie, Valmyvoyou, Rowena, Flo, Julie, Coco, Ysa, Antigone, Ma voix au chapitre, Nourritures en tout genre
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