« Holly », le prénom de l’héroïne de ce roman de Stephen King, n’est pas vraiment une inconnue pour les fans de l’auteur. Déjà présente dans quatre romans du maître (la trilogie Mr Mercedes et L’outsider), Holly Gibney se retrouve toute seule aux manettes de l’agence de détectives Finders Keepers, son partenaire ayant malheureusement chopé le virus du Covid.
La police étant débordée par la pandémie, une femme tient à engager la détective privée afin de retrouver sa fille Bonnie, 24 ans, disparue après avoir abandonné son vélo dans un parc la nuit du 1er au 2 juillet 2021. Le lecteur apprend néanmoins dès le prologue qui est à l’origine de cette étrange disparition… qui n’est d’ailleurs pas la première dans ce parc !
Un narrateur hors pair tel que Stephen King (« 22/11/63 ») peut évidemment se permettre de révéler d’entrée de jeu l’identité des coupables, sans pour autant gâcher l’intérêt d’un lecteur qui prendra grand plaisir à suivre l’enquête de Holly Gibney, ainsi que les motivations de ce couple de tueurs en série pour le moins surprenant.
Ayant une préférence pour les récits de Stephen King qui sont dépourvus de tout élément surnaturel, j’ai particulièrement aimé ce récit qui va chercher sa touche d’horreur ailleurs. La folie humaine mettant à disposition un réservoir d’atrocités suffisamment grand, l’auteur prend donc grand plaisir à nous plonger dans les profondeurs obscures de l’âme humaine… tout en donnant quelques conseils nutritionnels bien avisés au passage.
Le King n’invite pas seulement à faire attention à notre alimentation afin de prolonger notre espérance de vie, il profite également de ce roman pour véhiculer ses opinions politiques à travers des personnages qui ne laisseront personne indifférent. Il y a bien évidemment Holly, que les fans du maître appréciaient déjà et que les autres ne manqueront pas d’apprécier dès les premières pages, la pauvre étant d’entrée obligée d’assister aux funérailles de sa propre mère via Zoom à cause de ce foutu virus du Covid. Mais il y a également tous les autres protagonistes, emmenés par Olivia Kingsbury, une poétesse nonagénaire absolument irrésistible.
Tout comme dans l’excellent « Billy Summers », Stephen King continue donc de revendiquer son amour pour l’écriture, tout en partageant son aversion envers le « trumpisme ». Il utilise également cette nouvelle fiction comme tribune afin de donner son opinion sur les mesures sanitaires et sur le mouvement Black Lives Matter… Quel pied, un auteur capable de divertir comme nul autre tout en partageant des positions qui sont également les miennes !
Holly, Stephen King, Albin Michel, 522 p., 24,90 €
Elles/ils en parlent également : Cannibal Lecteur (que je dois citer en premier), Yvan, Valmyvoyou, Lilou, Juju, Delphine, Caro, Lison, Aurélie, Cécile, Lire & courir, Culture VSNews, One more cup of coffee, La bibliothèque Roz
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