
J’ai trouvé ces deux poèmes dans le recueil « Le parchemin enluminé« , paru en juin 2024 dans la collection blanche de Gallimard.
Je vous les présente dans le cadre de mon Mois thématique sur le voyage.
C’est effectivement un recueil qui fait référence à de nombreux pays et régions, en particulier la Grèce et la Turquie, que le poète semble très bien connaître.
J’ai justement choisi deux poèmes évocateurs de ces pays – écrits respectivement en Turquie et dans le Sud de la France.
J’ai eu l’impression, en lisant ce livre, qu’il s’agissait d’une anthologie personnelle du poète, dans la mesure où les poèmes des années 90 côtoient ceux des années 2020, 2010, 2000, et que les thèmes sont multiples, foisonnants. A la fin de ces poèmes figurent presque toujours le lieu et la date de leur création, ce sont donc des textes fortement ancrés dans la réalité ambiante, dans l’espace et le temps – inspirés par un moment donné, un paysage précis, un climat.
Présentation par l’éditeur
Les frémissements de la vie et des sensations par bouquets, les êtres et les choses, tout est dit avec une simplicité d’évocation qui chante et résonne dans cette célébration de l’expérience d’être au monde. Yves Leclair ne cache rien de ce qui lui est offert ; cet immense partage est comme une invitation à ranimer ces instants, en paroles et en musique, avec amour et humour.
Note biographique du poète
Yves Leclair est un écrivain, essayiste et poète, né en 1954 dans le Maine-et-Loire. Il suit des études de musique et de lettres. Il rencontre Yves Bonnefoy en 1975. Jacques Réda publie ses premiers textes. Yves Leclair est surtout publié aux éditions du Mercure de France, de la Table ronde et chez Gallimard. Il a reçu le prix 2009 de poésie de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire. Prix Alain-Bosquet en 2014 pour l’ensemble de son œuvre.
(Source : Wikipédia, en résumé)
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DEUX POEMES
Page 20
Cheval de Troie
Izmir, l’infini qui brasille
sur la mer – lumière des Mille
et Une Nuits – verroterie
depuis l’autoroute encombrée
dès dix-neuf heures.
Venelles, quartier de maisonnettes
aux crépis jaune d’œuf, bleu, ocre,
rouille. Echoppes pleines d’arômes,
suprême désordre dans la poussière,
sous le soleil d’un vent glacial.
Prise de Troie : près du grand cheval
en bois, deux Turcs regardent,
mains dans les poches, le manège
des cars de touristes, tandis qu’un paysan
passe en souriant, assis à l’envers
sur son âne, fusil en bandoulière.
D’Izmir à Troie
mars 1997
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Page 108
Combologue
Calme, violette et insondable,
tu vois la mer qui a brisé
les épaves étincelantes
de tes compagnons et tes sirènes
pour avoir touché l’horizon.
Ah ! que nos filles aux sourcils
d’hirondelles déchirent
tous nos tristes draps de ténèbres !
Que nous puissions, rames brisées,
rejoindre l’improbable Ithaque !
Que nos yeux d’Argonautes puissent
rêver de nouvelles Toisons d’or !
Train de la côte bleue,
de Carry-le-Rouet à Marseille,
14 juin 2018
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