Rentrée offensive pour François Bayrou

Publié le 03 septembre 2008 par Hmoreigne

Les dissensions du PS ne font pas que des malheureux. François Bayrou entend bien profiter des basses-eaux socialistes pour s’affirmer comme le premier opposant à Nicolas Sarkozy. Pour tenter d’être entendu, le président du Modem n’hésite pas à adopter un discours musclé. Ses propos pertinents peinent pourtant à trouver un écho dans l’opinion. L’indifférence serait-elle devenue le premier pilier du Sarkozysme ?

Invité du 7/10, l’émission politique phare de France Inter le premier septembre, le député des Pyrénées-Atlantiques a pu commenter une actualité chargée, difficile pour l’exécutif. Invité à s’exprimer sur la mutation express de Dominique Rossi, coordinateur des forces de sécurité publique en Corse, François Bayrou y a vu le signe d’une dérive qu’il dénonce régulièrement depuis l’élection de Nicolas Sarkozy. « C’est révélateur du régime dans lequel nous sommes. (…) C’est le fait du Prince, ce sont des dispositions arbitraires et disproportionnées qui montrent où on en arrive quand tous les pouvoirs sont concentrés dans les mêmes mains et quand le copinage avec les puissants remplace la raison d’Etat ».

A écouter le président du Modem on a le sentiment que la douce France respire un air mauvais. François Bayrou s’est attardé sur la mise en place du fichier Edwige, un fichier informatique centralisé à la disposition du gouvernement qui doit recenser les personnes portant ou susceptibles de porter atteinte à la sécurité publique (mêmes mineures) mais aussi, tous les élus français ou ceux qui se sont présentés à des élections, les responsables syndicaux, religieux, économiques. Les informations qui doivent être saisies sont des plus sensibles : données privées, situation patrimoniale et fiscale, santé, vie sexuelle …

Le fichier de tous les dangers susceptible d’être utilisé par des mains pas très bien attentionnées. « Quel est le modèle de société, quel est ce régime dans lequel on nous amène sans qu’on le dise, sans qu’on en parle ? ». François Bayrou n’entend pas lâcher le dossier. Il a écrit à tous les élus et déposé un recours contre le décret scélérat, relevant au passage « on fait toujours ça pendant l’été, de manière à ce que personne ne s’en aperçoivent ». Face à l’incrédulité de ses interlocuteurs sur le sujet, le président du Modem invite à aller sur le site du Journal Officiel pour en vérifier la matérialité et martèle « on ne peut pas accepter ce décret, laisser-faire ».

La gestion économique de la France n’a pas échappé à François Bayrou. « Dans le modèle économique qu’on nous impose, ce sont les plus avantagés qui sont les plus épargnés.» Le président du Modem a pris, à titre d’exemple, le financement annoncé du RSA qui selon lui va porter sur les classes moyennes et non les plus riches protégées par le bouclier fiscal. « Ce n’est pas la justice dont le pays a besoin. »

La justice, c’est également l’affaire du Crédit Lyonnais devenue l’affaire Tapie. Si l’intéressé déclarait ce matin encore « n’en avoir rien à foutre » tel n’est pas le cas de François Bayrou qui fustige depuis l’annonce de la décision arbitrale en faveur de Bernard Tapie, la collusion entre l’ex-homme d’affaires et Nicolas Sarkozy. Invité la veille au Grand Rendez-Vous Europe1/Le Parisien-Aujourd’hui en France, François Bayrou n’avait déjà pas mâché ses mots « On a écarté la justice - tous les magistrats qui m’entendent le savent - pour choisir un arbitrage privé rémunéré, et chacun des arbitres a touché 330.000 euros”, stigmatisant au passage « l’arbitraire politique (qui) a imposé à l’Etat de gruger le contribuable français de 400 millions d’euros ». Sur France Inter, le député a franchit un nouveau pallier dans l’escalade verbale en s’interrogant publiquement sur l’intérêt personnel que pouvait avoir Nicolas Sarkozy dans ce dossier.


François Bayrou - France Inter
par franceinter