J’ai demandé à Michel Fouarge de me dévoiler son lieu préféré au Luxembourg.
Il m’a invité à découvrir la réserve naturelle Léiffrächen et le Monument national des mineurs, situé à l’entrée de cette zone protégée.
Nous convenons d’un rendez-vous le vendredi 15 novembre, à 11 heures.
Nous nous retrouvons en contrebas du monument des mineurs. Après avoir garé nos voitures, nous entamons une petite balade à travers la réserve.
Il fait frisquet mais pas vraiment froid.
Les arbres, parés de teintes d’ocre et d’or, ajoutent une touche lumineuse au décor.
Le paysage conjugue falaises escarpées et prairies opulentes.
Tout en avançant côte à côte, Michel ouvre pour moi sa boîte à souvenirs. De mon côté, j'ouvre grand les guillemets et je lui tends le micro.
Notre famille a des racines profondes dans cette histoire, intimement liées à l’Arbed et à l’exploitation minière.
« Les Terres Rouges, tu connais ? Laisse-moi te raconter. On y arrive justement. C’est un endroit où mon père jouait quand il était enfant, à l’âge de 2, 3, 4 ou 5 ans. Adolescent, il y revenait toujours avec ses amis. À mon tour, pendant mon adolescence, j’y allais souvent avec mes chiens, parfois même la nuit. Ces terres, aujourd’hui protégées, abritent d’anciennes carrières aux parois abruptes, de 30 à 50 mètres de haut. Les Terres Rouges constituent un espace minier emblématique de Dudelange. Ici se trouve également le monument national des mineurs, un site méconnu du patrimoine luxembourgeois. Pourtant, il est essentiel, car il honore les mineurs qui ont largement contribué au développement économique du pays. Mes arrière-grands-parents étaient mineurs, et mon père, après avoir travaillé à l’Arbed avec le sien, a poursuivi sa carrière aux Communautés européennes. Notre famille a des racines profondes dans cette histoire, intimement liées à l’Arbed et à l’exploitation minière.
On appelle parfois ce territoire le « mini Colorado » à cause de ses paysages surprenants.
Ce lieu est bien plus qu’un paysage ; c’est une mémoire vivante. Mon père, enfant de Dudelange, y jouait, tout comme moi plus tard, et aujourd’hui, mes enfants y viennent aussi. C’est un terrain de jeu familial, mais aussi un lieu culturel chargé d’histoire. Ces terres, façonnées par la main de l’homme, ont été restituées à la nature, ce qui en fait un endroit unique et protégé par l’UNESCO. On appelle parfois ce territoire le « mini Colorado » à cause de ses paysages surprenants : des mines, aujourd’hui scellées, et des vestiges industriels comme un ancien train rouillé ayant servi au transport du charbon et des minerais.
Il est impossible d’oublier le lourd tribut payé par les mineurs. Nombre d’entre eux ont perdu la vie dans ces exploitations rudes et périlleuses. Pendant la guerre, ce territoire a aussi été convoité : les Allemands voulaient s’emparer des ressources, et les Américains y ont mené une bataille importante. Mon père m’a souvent raconté cette époque : c’est là qu’il a goûté son premier chocolat et mâché ses premiers chewing-gums offerts par des soldats américains.
L’écosystème est riche et diversifié : on peut y croiser des renards, des lapins, des sangliers, et même des mantes religieuses.
La nature ici est tout aussi étonnante. La végétation mélange des espèces inattendues, comme ces sapins atypiques. L’écosystème est riche et diversifié : on peut y croiser des renards, des lapins, des sangliers, et même des mantes religieuses. Les couleurs automnales sont sublimes, mais chaque saison transforme ce lieu : l’été est flamboyant, l’automne enchanteur, et l’hiver avec la neige ou la glace est tout aussi magique. Quant au printemps, il nous offre une explosion de couleurs et de senteurs, la réserve devient alors un véritable paradis.
Pour moi, cet endroit va au-delà de son importance patrimoniale : c’est un lieu qui m’apaise profondément.
En se promenant, on pourrait aussi rencontrer un troupeau de moutons en liberté ou passer près d’un enclos où des animaux sauvages vivent en semi-liberté. Ce lieu est vivant, en perpétuelle évolution. Le paysage, entre plaines, rochers et anciennes carrières, évoque par moments le Far West. C’est un trésor naturel et historique, à la fois apaisant et fascinant, qui mérite qu’on le découvre et qu’on le respecte.
Les Terres Rouges sont un lieu unique, accessible à tous, mais qui demande prudence et respect, tant pour la nature que pour les règles de sécurité. Pour moi, cet endroit va au-delà de son importance patrimoniale : c’est un lieu qui m’apaise profondément.
J’ai également exploré l’univers de l’héroïc fantasy, créant des mondes imaginaires bien avant l’essor de l’intelligence artificielle.
Cette quête de sérénité accompagne aussi ma carrière. Après avoir été mannequin, j’ai évolué vers la photographie, d’abord artistique puis de mode, collaborant avec des grandes marques comme Vogue et Kenzo. J’ai également exploré l’univers de l’héroïc fantasy, créant des mondes imaginaires bien avant l’essor de l’intelligence artificielle. Progressivement, je me suis tourné vers la photographie artistique, de mode mais aussi cinématographique, réalisant parfois des reportages sur les tournages. Récemment, j’ai participé à un pilote pour une série tournée au Cambodge, Ground Zero, aux côtés de l’équipe de cascadeurs de Marvel et d’acteurs renommés.
Le cinéma est venu à moi par hasard, comme le mannequinat : on m’a proposé un rôle secondaire, qui a rapidement pris de l’ampleur. Cette expérience a ouvert des portes : courts-métrages primés, collaborations avec plusieurs réalisateurs, et maintenant des projets ambitieux, une série au Cambodge et un rêve, produire une série en Europe basée sur mon premier roman sur le thème des vampires, une trilogie inspirée par des récits historiques. Souhaitant m’éloigner des clichés du genre, j’ai imaginé une mythologie originale, basée sur des faits documentés, que je souhaite adapter au petit écran ou au cinéma..
C’est une histoire chargée de symbolisme et de dévotion.
Cette créativité, qu’elle s’exprime par l’image ou par l’écriture, est au cœur de mon parcours. Je travaille par passion, rencontres, et défis, toujours avec sérieux mais aussi avec plaisir. Cela fait 30 ans que je fais ce qui me fait vibrer.Enfin, pour revenir aux Terres Rouges, ce lieu recèle aussi un aspect spirituel. En 1753, les mineurs y ont découvert une statue de la Vierge Marie, qu’ils ont perçue comme un signe divin. Ils ont transformé cet endroit en un lieu de prière, aujourd’hui connu comme le monument des mineurs. C’est une histoire chargée de symbolisme et de dévotion. »
Ses multiples engagements (...) témoignent d’une âme insatiable toujours en quête de nouveaux horizons à explorer.
Ce témoignage vibrant, riche d’histoire et d’émotion, en dit long sur l’homme derrière l’image. Michel Fouarge, longtemps perçu comme un simple beau gosse, est bien plus que cela. C’est un être plein de profondeur et de complexité. Sa vie, jalonnée de grands succès, a également été marquée par des épreuves, notamment un grave accident de la route qui l’a laissé presque paralysé. Il s’en est relevé grâce à une volonté inébranlable et une foi profonde. Ses multiples engagements dans des domaines aussi variés que la mode, la photographie, le graphisme, la littérature et le cinéma témoignent d’une âme insatiable toujours en quête de nouveaux horizons à explorer. Gageons que Michel n’a pas fini de nous surprendre, tant il est porté par une quête inlassable de créativité et d’exploration, à l’image des lieux qu’il chérit.