J’ai fait pas mal de chouettes découvertes dans la boîte à livres de ma ville cette année. Un grand merci à ceux qui y déposent de véritables trésors ! Quand j’ai découvert cet exemplaire de Rue des boutiques obscures de Modiano, j’ai mesuré ma chance et trouvé ainsi l’opportunité de lire enfin cet auteur, couronné du Prix Nobel de littérature en 2014. De plus, mon exemplaire date de 1978, date de la sortie du roman, année au cours de laquelle l’auteur a reçu le Prix Goncourt pour ce titre, et il n’a pas de code-barres. Tout ce que j’aime… Dans cette histoire, le lecteur rencontre un certain Guy Roland dont l’employeur vient de prendre sa retraite. Son métier étant jusque-là de mener des enquêtes, en tant que détective privé, Guy Roland décide de partir à la recherche de sa propre identité. En effet, atteint d’amnésie depuis quelques années, il ne sait pas qui il est. Très vite, quelques pistes apparaissent, et notamment une photographie où il lui semble se reconnaître. A chacune de ses découvertes qui l’emmènent principalement dans plusieurs quartiers parisiens, notre narrateur s’enflamme, s’efforçant de ressentir les lieux, pensant s’identifier enfin à une personne réelle. De témoins en témoins, des noms apparaissent dont Gay Orlow et Denise Coudreuse. Est-il donc ce Pedro McEvoy qui aurait tenté de passer la frontière suisse pendant la seconde guerre mondiale ?… Je craignais de ne pas être une adepte de Patrick Modiano mais en réalité j’ai beaucoup aimé le dédale un peu flou dans lequel l’auteur nous invite ici. Bien sûr, il paraît un peu étonnant que les premiers indices sur l’identité réelle de Guy Roland apparaissent aussi vite mais le sujet de ce roman n’est pas vraiment l’enquête. Nous rencontrons en effet des personnages dont la vie semble éteinte ou déjà passée, des lieux vides, des photographies dans des boîtes en métal dont on se débarrasse sans problèmes. Et l’on se demande à la lecture assez rapidement si, sans le souvenir des gens, leur regard, notre vie peut réellement exister. Personne ne semble en effet se souvenir ou reconnaître vraiment Guy Roland. Est-il donc devenu un fantôme dans un monde qui l’a oublié ? Ce roman ausculte avec une délicatesse toute littéraire la notion d’identité.
Editions Gallimard – 23 novembre 1978
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
Prix Goncourt 1978
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