Je rencontre Fábio Godinho au café Konrad, à Bonnevoie, dans le cadre de ma série « Coffee Talks ». Nous sommes le 29 novembre, c’est un vendredi, il est midi.Dehors, un soleil radieux réchauffe le froid sec et automnal.
Je suis content de revoir Fábio. Je le connais depuis longtemps. Je me souviens de l’avoir vu, peut-être pour la première fois, il y a presque vingt ans, en juin 2005, dans une comédie musicale au Théâtre national de Luxembourg. La pièce s’appelait « School Boulevard », la mise en scène était de Gianfranco Celestino et la musique de Emmanuel Séjourné. Outre Fábio, le casting intégrait également des noms comme Dan Tanson, Noémie Francois, Ben Nilles, Marc Folschette, Sven Soares ….Depuis lors, Fábio s’est consacré entièrement aux métiers de la scène et il
a tracé son chemin avec constance et passion. Comédien, acteur, metteur en scène, il s’est illustré au théâtre, dans l’écriture, dans des performances artistiques orchestrées par son frère Marco, et, plus récemment, au cinéma.
Nous nous retrouvons donc au Konrad, un lieu qu’il affectionne particulièrement. C’est un café lumineux et chaleureux qui respire un esprit bohème et détendu.
La décoration jongle avec un assemblage d’éléments éclectiques qui, pourtant, aboutit à un bel équilibre visuel : rien ne semble en trop.La lumière qui se déverse à travers les grandes baies vitrées est un grand point fort, tout comme l’accueil, simple et chaleureux.Côté table, rien à redire : nous savourons de délicieuses pinsas, suivies d’un carrot cake mémorable, avant de conclure avec deux espressos parfaitement dosés.
Ouvert depuis le printemps 2023, le Konrad Bonnevoie a parfaitement trouvé son rythme de croisière et son public d’aficionados. Parmi lesquels, Fábio, qui l’a donc désigné comme cadre pour ce coffee talk amical et culturel.
La conversation s’engage naturellement, libre et sans contrainte. Je décide de ne rien enregistrer - je me baserai entièrement sr les souvenirs que m’aura laissés notre entretien.
Très vite, nous découvrons une passion commune pour Jim Jarmusch, son univers décalé, poétique, et ses personnages marginaux mais profondément humains. Nous évoquons certains de ses films emblématiques, Coffee and Cigarettes, The Limits of Control ou encore Paterson.
De là, le dialogue bifurque vers le théâtre et la littérature, des univers qui animent Fábio depuis toujours. Nous parlons aussi de photographie, une autre passion qu’il aurait pu poursuivre lorsqu’il était étudiant au Lycée des Arts et Métiers. À cet instant, je lui tends mon Nikkormat pour qu’il réalise quelques portraits. Son aisance est immédiate : il maîtrise le cadrage, joue avec l’ouverture, la vitesse, et déclenche avec assurance.
Lors de notre conversation, les souvenirs refont surface. Fábio me parle de ses jeunes années au Luxembourg, où il est né. De mon côté, j’évoque le Grand-Duché que j’ai connu dans les années 70/80, bien différent de celui d’aujourd’hui. Fábio mentionne son frère Marco, artiste renommé, qui est arrivé au Luxembourg à l’âge de 10 ans. Ensemble, ils ont des racines profondément ancrées à Echternach, une ville où nature et urbanité font excellent ménage. Leurs parents y vivent toujours, et la ville est pour eux un refuge, une référence essentielle.
Fábio me confie que ses projets artistiques l’amènent de plus en plus souvent à voyager. Entre le Portugal, où de belles collaborations se dessinent, et l’Allemagne, il considère l’Europe comme un vaste terrain d’expression où les frontières n’ont plus lieu d’être pour la créativité. Paris, où il a étudié et vécu plusieurs années, revient aussi dans notre discussion. Il se souvient notamment de la période de la pandémie, qui l’a marqué mais l’a aussi ramené vers ses sources luxembourgeoises.
Tout au long de notre échange, il y a chez Fábio ce regard lumineux, celui de ceux qui ne regrettent pas le chemin qu’ils ont choisi.
Il y a aussi un sourire à la fois enfantin et ironique.
Bien ancré dans le présent, il reste tourné vers l’avenir avec une énergie sereine. Ses piliers sont le théâtre, le cinéma, la littérature.
Une chose est sûre, que ce soit sur les planches, derrière une caméra, ou simplement autour d’un café, Fábio Godinho continue d’inspirer par son talent et son humanité.
Les photos de cette série ont été réalisées avec l'appareil Nikkormat FT2 équipé de l'objectif 50mm f1.4. Excepté celle-ci qui a été prise avec le D750 également muni d'un objectif 50mm f1.4.
Portrait réalisé par Fábio G.