À son retour en Belgique, et après la naissance de ses enfants elle a commencé à illustrer des livres... d'école ! Et très vite, ce sont ses propres textes qu’elle a mis en images et elle anime aussi des
formations à la lecture. Elle a aussi la passion de la cuisine et du violoncelle. Elle a obtenu de nombreux prix en Europe, en Asie et aux Etats-Unis et ses livres sont traduits dans une douzaine de langues.Elle a conçu cet album sans texte, comme un imagier, et ce n’est pas par négligence. Il concernera les petits (et les parents) de toutes les nationalités, ce qui est précieux pour moi qui ai une petite-fille qui grandit sur un autre continent, situation de plus en plus fréquente.L’absence de mots sous les illustrations contraint l’adulte à imaginer l’histoire et à la raconter. De tels moments de lecture partagée sont précieux parce qu’ils favorisent le développement du langage et de la pensée de l’enfant qui aimera pointer du doigt ce qui l'intéresse.Ce livre-ci est exemplaire. L’auteure a manifestement pensé chaque détail. La couverture est rouge comme le manteau du père Noël, avec le mot Noël écrit sobrement en lettres bâtons dorées. L’enfant apparaît comme dans la focale d’une lampe de poche. On le surprend en train d’accrocher une boule à la branche d’un sapin, symbole fort de la période. Deux autres boules scintillantes émergent d’un carton, semblable probablement à celui que ses parents auront descendu d’une armoire pour décorer le sapin familialSa posture et son geste sont un peu raides, comme le sont les tout-petits qui sont encore maladroits.Ce qui peut intriguer, c’est le petit personnage portant un bonnet pointu et tendant le bras, évoquant aussi bien un animal qu’un lutin, en tout état de cause imaginaire, et qui est sans doute son doudou préféré.Les pages cartonnées, épaisses, aux bords arrondis, sont faciles à tourner et ne présentent aucun danger à être manipulées. Dans la première double page on remarque une évocation de la fameuse lettre au père Noël que l’enfant (qui n’est ni tout à fait un petit garçon, ni tout à fait une petite fille) a "crapouillé" en l’accompagnant d’un premier dessin de bonhomme. On retrouve le doudou qui a tenté de l’imiter.Page suivante, l’enfant n’est plus seul. Il a participé avec sa maman à l’accrochage d’une couronne sur la porte de la maison. Le doudou est absent et c'est une autre peluche qui est cachée, mais discrète. Ensuite, on découvre l’illustration de la couverture, mais cette fois complète.A chaque fois un détail figure en gros plan, page de gauche, tandis que celle qui est située en regard explique ou "raconte" la scène. L’attente doit être difficile car on surprend l’enfant en train de scruter le ciel. Puis c’est un goûter avec des camarades qui se régalent de chocolat au pied du sapin.La veille de Noël, l’enfant déposera ses chaussons au pied du sapin. Le lendemain, il découvrira son cadeau, et le doudou n'aura pas été oublié.Cet opus est le
14 ème exemplaire d’une série d'imagiers sans texte, donc permettant d’échanger librement dans toutes les langues, mettant en scène Lou et Mouf dans leurs premières expériences de vie. Elle a été imaginée par l’auteure pour faciliter les relations entre les parents et les enfants. Car bien évidemment il faut raconter des histoires aux enfants sans attendre qu’ils soient en âge de dialoguer avec nous. De la même façon qu’on n’attend pas qu’ils parlent pour s’adresser à eux avec la parole.Noël de Jeanne Ashbé, collection Les images de Lou et Mouf, chez Pastel, École des loisirsEn librairie le 6 novembre 2024