Zodiaque, la chronique des signes

Série : -
Titre : Zodiaque
Auteurs : Ai Weiwei (scénario), Gianluca Costantini (dessins) et Elettra Stamboulis,
Éditeur : Delcourt
Collection : Mirages
Année : 2024
Pages : 184

Résumé d'une interrogation permanente:

Chine, près du désert de Gobi, en 1967, un père ordonne à son fils de ranger le livre qu'il lit. Le père est un poète, le fils, Weiwei, deviendra un artiste de renommée mondiale. Pékin, 2015, Ai Weiwei, devenu père à son tour, regarde son fils Lao en train de lire. Il vient lui raconter une histoire, son histoire...

Le scénario entre rêve et réalité:

Ai Weiwei nous offre une histoire transgénérationnelle. Il parle de son père, échange avec son fils mais aussi sa mère, sa compagne, ses amis ou son frère. Ils évoquent le passé mais aussi l'histoire de la Chine, le règne de Mao, la révolution culturelle, la Chine actuelle et aussi les œuvres de l'artiste, car elles sont étroitement liées aux événements du pays. En même temps, il cite des extraits de poèmes classiques, modernes - le père de Ai Weiwei était un grand poète -, et ajoute à cela une touche de légendes avec des histoires anciennes allant du mythe de la tisserande et du bouvier jusqu'à l'évocation de Sun Wukong, le roi des Singes. Et pour ajouter une nouvelle couche à tout cela, il intègre les différents signes du zodiaque Chinois et leur symbolique.

Ces signes structurent l'histoire de douze chapitres, chacun correspondant à un signe. Ai Weiwei nous explique ainsi que chaque animal du zodiaque a ses bons et ses mauvais côtés, il raconte la légende qui a défini quels animaux seraient sur la roue du Zodiaque et rappelle que la roue peut parfois tourner. La malchance peut suivre la chance, dans le cas de l'auteur, de sa renommée mondiale à son arrestation. Cela permet à l'artiste d'évoquer aussi les raisons de son engagement et sa vision de l'art.
Comme on peut le voir, une BD qui imbrique différent niveaux de lecture pour nous faire réfléchir à de nombreux sujets. Un artiste est-il forcément engagé ? Jusqu'où doit-il s'engager ? Que transmettre de son travail, de son engagement à ses enfants ?
Tout cela à l'éclairage de l'histoire passée et des légendes anciennes, qui nous révèlent quelque chose de ce que nous sommes.

Le dessin au trait léger :

Gianluca Costantini manie le feutre avec délicatesse. Il trace d'un trait aérien les dessins qui peuplent cette BD. Les visages réalistes, les arabesques entremêlées, les légendes aux motifs détaillés, tout un travail de précision pour mêler les univers racontés et vécus par Ai Weiwei.
Le dessinateur n'utilise pas d'aplats de noir, ce qui donne des planches très claires. Il recourt à la hachure quand il a besoin de créer des ombres, du volume ou de la profondeur. On pourrait croire toute cette BD tracée d'un trait rapide mais en s'attardant sur les différentes cases, on se rend compte du travail de Gianluca Costantini. Certains dessins sont réalisés de quelques traits qui créent tout de suite un visage, une expression, et dans la même case, se mêlent des décors très riches, un vêtement ouvragé, un élément détaillé qui apporte contraste avec la simplicité apparente des traits.

Conclusion d'une BD zodiacale:

Zodiaque nous emmène dans un curieux voyage, au cœur de l'histoire de la Chine, de ses légendes et aussi de la vie, l'œuvre, des réflexions et interrogations de Ai Weiwei.

Zéda croise Ai Weiwei.