Post expressionniste.

Publié le 02 septembre 2008 par Doma

Nous sommes dans un haras. En l’occurence un Haras national mais peu importe; dans chacun d’entre-eux il doit y avoir, à peu près, ceci:

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Lorsqu’une jument montre des signes de chaleur, il s’agit de la placer à la barre derrière le bat-flanc et de faire venir, clopin-clopant ou triomphant, un cheval lambda mais libineux appelé pour la circonstance boute-en-train. Soyons maintenant très attentifs,  restez s’il vous plaît éveillés.

Si le cheval souffle, il y a de fortes chances pour que la jument soit prête. Mais ce n’est pas suffisant, il est important également qu’elle émette des signes positifs: un lever de queue, un clignement de la vulve,  une position campée ou une miction par petits jets, sont très prometteurs. En revanche si elle couine, fouaille de la queue, positionne ses oreilles en arrière ou lance des ruades, inutile d’insister.

Dans tous les cas, souffler n’est pas jouer pour le pauvre quadrupède abusé qui repartira la mine contrite et les adducteurs tristes. En fonction du résultat de l’opération on fera venir l’étalon, ou non.

- Et alors, est-ce pour cela que tu nous a fait venir? N’avons-nous pas autre chose à faire? Toi même, ne parlerais-tu pas pour ne rien dire? Tu ne nous impressionnes pas avec tes expressions! …répondit la foule.

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Certes, certes, néanmoins hier, comme souvent je me promenais en quête d’une belle photo, qui agrémenterait joliment un texte futile. Par exemple, celle-ci:

Ou encore, cette autre:

J’avais fait mes calculs habituels de cadrage, de profondeur de champ, de proportion… Malgré le méchant contre-jour j’avais réussi à faire quelque chose qui pourrait, un jour, avoir du sens. La première était sans doute mieux réussie que la seconde mais il suffirait de la régler a posteriori, en post-traitement, la main à la pâte, les mains dans le cambouis…

Oui mais voilà .

Bien vite je me rendis compte, en transparence, que j’étais dans la position du cheval souffleur, avec au bout du nez quelque chose que je n’atteindrais jamais. Certains parlent de mise en abyme, j’y voyais plutôt l’abîme qui me séparait de la bonne photo.

En un mot (c’est dire le travail à venir…) j’avais pris mes vessies pour des lanternes.

- Courage! Courage! … murmura la foule.

- Arrête de glandouiller! osa un malappris.