Larry Mullen Jr, Adam Clayton, David H. Evans et Paul D.Hewson deviennent U2 en 1976. Les deux derniers se choisissent The Edge et Bono comme pseudonymes artistiques. Bono se fait déjà appeler comme ça dès ses 14 ans. C'est la gang à Bono (et Gavin Friday) qui donnent le surnom The Edge à David, soit pour la forme angulaire de sa tête, soit parce qu'il aime rester en marge d'à peu près tout, discret. Mais passionné de la guitare.
October. 1981. Ils semblaient si confiants sur le premier album, ça allait de soi que le second allait en souffrir un peu. Déjà on teinte politique et 3 d'entre eux, (Pas Adam Clayton) deviennent si religieux qu'ils questionnent leur propre statut de rock star. Ça colore l'album. The Edge partira même s'isoler dans les bois, après la sortie de l'album et la fin des tournées, pour mieux se repositionner moralement. Le son est toujours rock et brut. La base et la batterie, très dominants.
War: 1983. Quand The Edge pense tout plaquer, il compose juste avant deux morceaux assez formidables qui le feront changer d'idée. Les gars, ensemble, présentent un album où pas une seule chanson n'est mauvaise. On propose une ode à Lech Walesa, déguisée en chanson d'amour et en éclats de guitare électrique. Piano assez formidable et apport des Coconuts de Kid Créole. Steve Lillywhite produit cette trilogie rock dont les trois titres ne comprennent qu'un seul mot. De l'innocence à la guerre. Qui comprend sa part d'innocence.
The Unforgettable Fire: 1984. Après avoir lancé un album et un film en spectacle au Red Rocks de Denver en extérieur, on s'est bâti des fans. Avec l'apport de notre Daniel Lanois et de Brian Eno, tous deux à la production, on produit quelque chose de si riche que ce sera un des 4 albums que j'écouterai le plus dans ma vie. Poétique dès le premier morceau, un de mes tout à fait préféré du groupe, on offre des textures et des espaces aériens nouveaux, des harmonies vocales intéressantes, une percussion de Mullen, formidable, et au moins un morceau qui sera un hymne de nos adolescences. Inspiré de leur passage aux États-Unis et au Canada. Le morceau titre est un chef d'oeuvre.
The Joshua Tree: 1987. Toujours avec Brian & Daniel ont offre encore des textures de guitares et des couches de vibrations planantes innatendues. Du gospel et du folk. De la tendresse et du militant. On espère un monde meilleur que ce qu'on découvre aux États-Unis auxquels on veut quand même plaire et on plaira comme jamais on ne plaira plus dans les ventes. Hypnotiques par moments, épiques ailleurs. Incontournable de leur oeuvre. Sommet du monde pop rock.
Achtung Baby: 1991. Se réinventant en réutilisant Brian Eno et son terrain de jeu, avec David Bowie, à Berlin, en 1976, c'était osé. Et c'est formidablement réussi. On reconnait la guitare, cette fois plus torturée. Post-moderne même. Avant gardiste et psychédélique parfois. Riche production. Riche et étonnamment intime alors que le band implose presque au privé. Clayton ne se trouve pas aussi bon que les 3 autres. Mais on reste uni. Et les 4 mousquetaires verts sont un tout. Uni. Aventureux animal croisé de techno peint de rock pop avec un nouveau son de batterie pour Mullen et même une nouvelle voix pour Bono. Lanois/Eno sont de retour à la barre de la production. U2 Mach II réussi.
Zooropa: 1993. Reprenant dans les retailles des sessions d'Attention Bébé en Allemagne, on reste dans le space-age exprérimental et même le dance. Les inclinaisons musicales sont osées et on est désormais relativement loin du rock (qui était plus près de The Clash ou des Ramones) des premiers albums. Avec un morceau composé pour Wim Wenders ont confirme le parfum ambient dans la palette du band. On a encore le coeur sur la main derrière ce techno rock. Eno reste à la prod. The Edge s'y greffe. Flood aussi.
Pop: Après un passage plus Eno et Pavarotti sur un projet commun, on fignole une heure de musique qui n'a plus le choc des deux albums précédents. On reste dance, rock, moins expérimental. On surprend peu. Massive Attack, Tricky ou les Chemicals Brothers semblent faire mieux dans le même style au même moment. On ne se démarque pas beaucoup. De la pop facile à admirer, dure à complètement aimer. 2e trilogie mal conclue consécutive. Même la pochette semble sans grande créativité.
All That You Can't Leave Behind: 2000. Après de multiples missions dans le monde pour faire des rencontres auprès de leaders gouvernementaux et, peu à peu, écrémer sa naïveté en se magasinant un Prix Nobel de la Paix, Bono, près de 10 ans après U2 Mach II, en Allemagne, rebranche son band avec Lanois & Eno. Et ce sera un de leurs albums les plus léchés au niveau de la production. Avec une guitare de The Edge comme on en a jamais entendu. On reconnait U2, on score au moins 4 fois en single, on rejoue dans les arénas. Plaisirs modestes et presque sophistopop. Ils ne peuvent nier le titre. Ils trainent tout ce qu'ils ont été, avec eux.
La Trilogie des Chansons (Méditatifs et Existentiels)
Songs of Experience: 2017. 9 producteurs se relaieront sur ce qui devait sortir en 2016, mais que le Breixit et l'élection de l'erreur (répétée) Trump, en Amérique, ont forcé la réécriture de certains passages pour Bono, soudainement très en verbe contre cette toxicité double. "Democracy is flat on it's back" chantera-t-il très justement. La surproduction peut paraitre lourde et le reste un peu. U2 semble désormais plus petit dans ce milieu de Kendrick Lamar, Coldplay et Ellie Goudling.
Comme dans Svp, ne nous oubliez pas...
Ce band qui a vendu plus de 170 millions de fois dans le monde, selon moi auraient autant d'incontournables que de membres du band: War, The Unforgettable Fire, The Joshua Tree et Achtung Baby.
L'année qui s'en vient marquera leur 45e année d'enregistrement studios ensemble. Remarquables inséparables.